Qu’est-ce que hyperhidrose ?
L’hyperhidrose se définit par une production de sueur qui dépasse les quantités nécessaires à la thermorégulation. Elle toucherait de 3 à 5 % de la population selon les études. Elle peut être primaire (idiopathique) c’est-à-dire isolée, ou secondaire à la prise d’un médicament ou de diverses affections médicales.
Une consultation chez un spécialiste permet de détecter les origines secondaires (diabète hyperthyroïdie, maladie de Parkinson, prise de certains médicaments).
Nous ne parlerons ici que de l’hyperhidrose primaire. Elle peut être localisée (aisselles, paumes et plantes des pieds, visage etc.) ou plus rarement généralisée. Elle débute à l’enfance, à l’adolescence où au début de la vie active. Les cas familiaux ne sont pas rares.
L’hyperhidrose altère de façon importante les relations sociales et engendre une gêne parfois majeure. Les patients atteints d’hyperhidrose décrivent une obligation de porter presque exclusivement des vêtements foncés.
L’hyperhidrose primaire a la particularité de disparaître pendant la nuit.
Pourquoi transpire-t-on ?
La transpiration est essentielle à la thermorégulation c’est-à-dire au maintien d’une température moyenne de 37°.
Nous avons plusieurs types de glandes sudorales:
- Les glandes sudorales eccrines au nombre de 3 millions, sont dispersées sur l’ensemble du corps, surtout au niveau des pieds, des mains, du front, des aisselles et du visage. Elles secrètent une sueur non odorante faite principalement d’eau.
- Les glandes sudorales apocrines, moins nombreuses, sont disposées essentiellement au niveau des aisselles et de la région génitale. Elles sont sous la dépendance des hormones et secrètent une sueur visqueuse et malodorante.
La thermorégulation est contrôlée par l’hypothalamus.
L’hyperhidrose primaire n’est pas liée à des modifications du nombre ou de la taille des glandes sudorales mais plutôt à une hyperstimulation de ces glandes par hyper-activation du système nerveux. L’hypothalamus semble hypersensible à divers stimuli émotionnels ou autres.
Le traitement de l’hyperhidrose
Il dépend essentiellement de sa localisation, de sa sévérité et de la gêne ressentie par le patient.
Les anti-perspirants et déodorants
Les anti-perspirants à base de sel d’aluminium sont en général proposés en première intention. Ils agissent en bouchant la glande sudorale. Ils peuvent se révéler irritant et leur efficacité est variable.
Des études sont en cours pour évaluer leurs effets secondaires (à ce jour aucune étude sérieuse n’a révélé un risque de cancer). Il est préférable de les appliquer sur des aisselles non fraîchement rasées pour éviter l’irritation.
Certains produits peuvent s’utiliser sur le corps et le visage.
L’ionophorèse
C’est le traitement le plus efficace au niveau des mains et des pieds.
L’ionophorèse consiste à faire passer un courant électrique au travers de la peau en faisant baigner les mains ou les pieds dans des petits bacs dans lesquels circule un courant électrique de 15 à 20 milli-ampères. Les séances durent environ 20 minutes et doivent être répétées 3 à 6 fois par semaine pendant 15 jours puis en entretien 1 à 2 fois par semaine.
Quand les séances sont faites régulièrement l’efficacité au niveau des mains et des pieds est suffisante en cas d’hyperhidrose moyenne.
Les contre indications sont la grossesse, et les porteurs d’un pacemaker. Il y a peu d’effets secondaires.
Au niveau des aisselles cette technique est très peu efficace. Le mieux est d’acheter un appareil et de faire les séances à domicile. Le médecin spécialiste vous conseillera sur différentes marques en fonction de vos besoins.
La toxine botulique
Elle bloque la transmission nerveuse au niveau des glandes sudorales. Son efficacité est très importante mais malheureusement temporaire (4 à 6 mois).
On l’utilise essentiellement au niveau des aisselles avec une efficacité proche de 100 % mais limitée dans le temps. Les injections sont très peu douloureuses. Au niveau des mains et des pieds, son utilisation est plus difficile en raison de la douleur engendrée par l’injection.
Actuellement, la toxine botulique est le seul traitement au niveau du front et du cuir chevelu. Il n’y a quasiment aucun effet secondaire. Bon à savoir : l’injection de botox est également employée contre les rides en esthétique.
Le Miradry
Miradry est le traitement le plus efficace au niveau des aisselles où il a révolutionné la prise en charge de l’hyperhidrose. Il s’agit d’un traitement qui utilise les micro-ondes pour détruire de façon irréversible les glandes sudorales des aisselles.
Cette petite intervention se pratique sous anesthésie locale, dure environ 1 heure et ne présente pas d’effet secondaire majeur. Une séance est suffisante dans la très grande majorité des cas pour éliminer environ 80 % des glandes sudorales et ceci de façon définitive. En cas d’hyperhidrose majeure une deuxième séance peut être envisagée
Il n’y a aucun risque à supprimer la transpiration des aisselles car seulement 2 % des glandes sudorales se situent à ce niveau. Il n’y a donc aucun impact sur la thermorégulation.
Miradry permet également une épilation définitive d’environ 60 % des poils. Au besoin, celle-ci peut être complétée par du laser dans un deuxième temps.
L’application du traitement Miradry à d’autres zones est actuellement en cours d’étude.
Miradry est une technique sûre, agrée par la très sérieuse FDA. Fin 2018, 150 000 traitements avaient déjà été effectués dans le monde.
Les traitements chirurgicaux
Il s’agit de couper le nerf « sympathique » responsable de la transpiration. Cette intervention se pratique sous anesthésie générale. Elle ne devrait plus aujourd’hui être pratiquée en raison du risque important d’hyperhidrose compensatrice à distance très invalidante.
Les traitements généraux de la transpiration excessive
Les médicaments par voie orale (anti cholinergiques comme l’oxybutinine ou le glycopyrrolate) sont très efficaces la plupart du temps, mais leurs effets secondaires fréquents limitent leur utilisation.
En conclusion
L’hyperhidrose est une affection fréquente dont la prise en charge doit être évaluée au cas par cas en fonction de la localisation et de l’importance des symptômes.
La perturbation des activités socioprofessionnelles et la diminution de la qualité de vie des patients présentant une transpiration abondante dans ce contexte nécessitent une consultation auprès d’un médecin formé aux différents traitements actuels.
Tarifs des traitements contre la transpiration
Les prix d’un traitement contre l’hyperhidrose varient selon la technique employée et la durée des résultats.
- Ionophorèse : entre 300 € et 400 €
- Toxine botulique: environ 500 €
- Miradry : environ 2000 €.
L’avis de l’AFME
L’hyperhidrose est une affection fréquente dont la prise en charge doit être évaluée au cas par cas en fonction de la localisation et de l’importance des symptômes.
La perturbation des activités socioprofessionnelles et la diminution de la qualité de vie dans ce contexte nécessitent une consultation auprès d’un médecin formé aux différents traitements actuels.