Il y a quelques mois, nous avons publié un article intitulé « Quand commencer les injections ?« . Cette fois-ci, faisons un point sur l’importance de stopper les injections au bon moment.
Les 2 grand types d’injections du visage
Rappelons ici que les injections de produits de comblement et les injections de toxine botulique (Botox°, Bocouture°, Azalure°, et autres marques…), n’ont pas les mêmes indications ni les mêmes effets, bien qu’elles puissent être complémentaires. On entend parfois dire « elle s’est fait gonfler les lèvres au botox ». C’est une absurdité due à la confusion des genres.
Les produits de comblement
Appelés parfois « fillers », les produits injectables de comblement apportent un volume à un endroit donné du visage (le plus souvent lèvres, pommettes, menton… ) et/ou remplissent des creux (tempes, vallée des larmes…), des sillons (nasogéniens, plis d’amertume…) et des rides, pour les atténuer.
Il existe plusieurs types de produits dont le plus utilisé est certainement l’acide hyaluronique, et des produits sensés avoir une résorption plus lente, ou induisant une fabrication de collagène comme l’hydroxyapatite, et autres…).
La toxine botulique (Botox°)
La toxine botulique a pour objectif de détendre les muscles pour éviter, entre autres, la formation de ride;. Elle diminue donc les mouvements faciaux et les mimiques d’expression.
La résorption (ou durée) des produits
Dans ces techniques « non invasives » (car de simples et rapides injections), les deux types de soin utilisent des produits dits « résorbables » qui sont donc sensés disparaître au bout d’un certain temps. La durée n’est pas la même selon les produits :
- entre 4 et 6 mois en moyenne pour la toxine botulique (mais l’effet peut s’allonger si les muscles du visage traités finissent par s’atrophier)
- entre 6 et 18 mois pour l’acide hyaluronique selon la concentration des produits et le type de zone traitées
- jusqu’à 24 mois pour les produits injectables à résorption lente.
Le plus souvent, sauf en cas de résultat vraiment insuffisant, il n’y a pas lieu d’intervenir à nouveau avant ces durées.
Savoir arrêter avant l’excès d’injections visible
A la question : « Quand faut-il s’arrêter ? », la première réponse est : « Avant tout excès ».
L’excès de toxine botulique
Avec ce produit, c’est surtout un excès de quantité, de doses trop fortes. L’excès de botox°, c’est bien entendu, le visage (ou une partie du visage) figé, sans expression. Atténuer les rides du front c’est bien, c’est joli, c’est plus jeune mais un front totalement figé lors de réactions d’étonnement ou de réflexion n’est pas naturel. Et bien sûr, c’est encore pire s’il s’agit des expressions de la bouche ou du sourire.
Demandez donc à votre médecin d’être modéré dans les doses, et arrêtez vous à un résultat convenable, avant de figer tout ou partie de votre visage.
L’excès d’injections de comblement
Le plus visible et évident est la correction de volumes trop importante : lèvres ou mentons ou pommettes « barbifiées », surréalistes.
L’excès d’injection de comblement peut aussi donner globalement lieu à un visage « figé », voire « bouffi », « déformé » et donc peu naturel.
Il y a un ensemble et aussi une notion d’harmonie à respecter, qui varie avec l’âge :
- harmonie du visage avec le corps,
- harmonie du visage avec la coiffure, et les vêtements, le style…
- harmonie des différentes parties du visage entre elles : il ne faut pas trop corriger une partie du visage par rapport aux autres (lèvres pulpeuses de 25 ans et joues creusés de 60 ans par exemple), front tout lisse et joues toutes fripées, etc…).
On a vu dans la presse l’exemple de Courtney Cox (star de la série Friends). Ce type de biais arrive plus encore lorsque les traitements commencent très jeune. On voit régulièrement certains médias à sensation publier des photographies de personnalités ayant abusé des injections (ou peut-être ont-elles un praticien qui n’a pas le sens de la mesure, ou qui ne sait pas dire non…).
Il est donc indispensable que le médecin de votre choix applique son rôle de conseiller, et sache freiner les demandes démesurées. Objectif : un visage harmonieux et attirant mais qui reste naturel.
Arrêtez les injections avant de tomber dans ce piège
Ce que l’on sait beaucoup moins, c’est qu’il y a deux phénomènes qui tendent à s’accumuler au fil des séances d’injection :
La fibrose insidieuse liée au comblement
Sachez que les injections dites de comblement (et même le simple acide hyaluronique), faites outre mesure et trop souvent, peuvent entraîner l’accumulation d’une fibrose qu’elles vont générer. En fait, toute injection dans la peau entraîne une réaction à une substance étrangère, très faible avec l’acide hyaluronique peu concentré, plus importante avec l’acide hyaluronique très concentré ou avec les injectables à résorption lente vus plus haut.
Cette réaction se manifeste entre autres par une fabrication de fibres de collagène, peu ou prou, et variable selon la réactivité de peau de chaque personne.
Avec le temps, la répétition et/ou l’exagération des doses, cela peut aboutir à des tissus sous-cutanés et une peau beaucoup moins souples. Cela se voit : visages de cire, bouffis, pesants… L’induration des tissus et leur perte de souplesse peuvent même être palpables.
C’est « l’effet boxeur » ou « rugbyman de mêlée » : les modifications de volume sur leurs visages sont liées aux coups reçus qui ont créé une fibrose s’accumulant au fil des traumatismes répétés. Même si cette fibrose est une fabrication de collagène, le résultat n’est pas forcément très heureux.
L’accoutumance au changement
Au fil du temps, la personne qui reçoit des injections correctrices et qui voit son visage tous les jours dans le miroir, a tendance à s’habituer aux changements. Le risque est qu’imperceptiblement, d’une séance à l’autre, les corrections ou modifications du visage deviennent de plus en plus importantes voire trop.
Les premiers à le voir seront les gens de l’entourage, pas la personne injectée… Ce sera encore plus évident pour des connaissances que l’on a pas rencontré depuis longtemps.
Conclusion : prudence
Dans cet article, nous avons parlé d’exagérations et d’excès en tous genres. La pratique raisonnée et modérée des injections doit éviter tous les travers que nous venons de décrire, bien entendu.
Cependant, tous les actes médicaux à visée esthétique, mêmes mineurs et rapidement exécutables, peuvent mener à des résultats opposés à ce que l’on recherche : des visages « hors normes » et peu attirants.
Prudence donc et modération sont de mise.
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