Pour expliquer le phénomène du vieillissement chez l’homme, de nombreuses théories ont vu le jour. On n’en compte pas moins de 300 ! En fait, 3 seulement sont dignes d’intérêt. Parmi elles, la théorie des radicaux libres est la plus accréditée.
Les radicaux libres
Dès 1930, des chimistes du caoutchouc constatèrent que certains atomes ou certaines molécules présentaient un ou plusieurs électrons célibataires, ce qui les rendaient très réactifs. C’est pour cette raison que le caoutchouc, laissé à l’air libre, vieillissait en se fissurant et en se craquelant.
En 1954, un ancien chimiste de la Shell Company, devenu médecin, le Dr. Denham Harman a émis l’hypothèse que le même processus de vieillissement touchait les être vivants et l’homme en particulier.
Depuis cette découverte, on dénombre des dizaines de milliers d’études qui ont corroboré cette doctrine.
Le mot « radical libre », concerne, en fait, n’importe quelle molécule qui a un électron libre, prêt à réagir de manière nocive, agressive ou violente.
Le radical libre est en excès de charge négative et tente de s’équilibrer en volant un électron à une molécule voisine stable mais qui devient instable à son tour, étant transformée en un radical libre. On assiste donc à une réaction en chaîne.
Cela a pour conséquence une chaîne de réactions qui désorganisent les molécules biologiques et les abiment. Ces dégâts, qui sont à l’origine moléculaires, atteignent très vite les éléments respiratoires de nos cellules que sont les mitochondries, puis ensuite les cellules elles-mêmes et enfin les organes entiers.
Les attaques des radicaux libres se font sur les membranes cellulaires, sur l’ADN qui supporte notre code génétique, sur les protéines, les enzymes. Peau, nerfs, neurones, vaisseaux, muscles… les délabrements subis par notre corps sont sans répit et multiples.
Comment l’oxydation nous fait « rouiller »
La naissance d’un radical libre se fait de la façon suivante : 5% de l’oxygène que nous inspirons se transforme en un dangereux radical libre appelé « superoxyde ». En effet, pour fournir de l’énergie à partir des aliments que nous ingérons, nos cellules font intervenir une série de réactions au cours desquelles un électron passe d’une molécule à l’autre, formant une espèce de courant électrique. Une fois sur vingt environ, cet électron échappe à son transporteur pour se coller à l’oxygène, le transformant en superoxyde.
Quels sont les principaux radicaux libres ?
Le radical hydroxyl : quand ils ne sont pas arrêtés par la couche d’ozone, ,les rayons gamma du rayonnement solaire casent les molécules d’eau contenues dans le corps, pour donner le redoutable radical hydroxyl. Qui peut aussi apparaître lors de l’exposition aux rayons X et aux radiations nucléaires.
Le radical superoxyde : comme déjà vu, 5% de l’oxygène que nous absorbons pour brûler les aliments, s’échappe sous la forme du radical superoxyde. Les globules blancs du système immunitaire utilisent également ce radical pour éliminer bactéries et virus. Au total, nous en fabriquons pas loin de 2 kg. tous les ans !
Le radical peroxynitrite : il est produit par les globules blancs, lors de leur rencontre avec le radical superoxyde.
Le monoxyde d’azote : il est généré par les parois des vaisseaux sanguins et par certaines cellules cérébrales.
Le peroxyde d’hydrogène (H202) : le superoxyde est décomposé en peroxyde d’hydrogène, qui n’est pas un radical libre, mais qui, en présence de fer, peut créer un radical hydroxyle.
L’oxygène singulet : cette forme activée de l’oxygène est produite par les rayons ultraviolets. Elle peut s’attaquer à l’ensemble des constituants de la cellule. Elle est à l’origine des rides, mais aussi des cancers de la peau.
Organes cibles du vieillissement par les radicaux libres :
La peau : c’est sur elle que les effets des radicaux libres sont les plus visibles : Ils induisent les marques du temps qui s’écoule : le flétrissement de la peau, le relâchement cutané, les rides, les taches pigmentaires…et également les cancers de la peau
Les poumons : ils provoquent une perte d’élasticité des poumons, soit une fibrose, responsable, entre autres, des bronchites chroniques et ils induisent également des cancers pulmonaires.
Le cerveau : les radicaux libres sont directement mis en cause dans les maladies neurodégénératives, telles que le Parkinson et l’Alzheimer.
Les artères et le cœur : les radicaux libres jouent un rôle majeur dans la formation de la plaque athéromateuse, à l’intérieur des vaisseaux, facteur principal de risque des maladies cardio-vasculaires.
Les articulations : ici également les radicaux libres sont en première ligne : ils sont à l’origine de maladies s’aggravant avec l’âge , comme l’arthrose, mais aussi des pathologies inflammatoires, comme les arthrites.
L’œil : les tissus oculaires sont terriblement vulnérables aux effets des radicaux libres, et spécialement la rétine et le cristallin. Ainsi s’expliquent la dégénérescence de la rétine liée à l’âge et la cataracte.
En tout près de 200 maladies différentes ont un lien étroit avec les radicaux libres.
Quels sont les facteurs qui augmentent le taux de radicaux libres, donc le « stress oxydatif » ?
Il existe, dans notre environnement une foule d’agents susceptibles de démultiplier la production radicalaire.
Dans l’alimentation, les viandes et les poissons trop grillés
Les pesticides et les métaux lourds que renferment certaines eaux de distribution
Sur le plan respiratoire, la pollution atmosphérique. D’une façon générale, il faut éviter de respirer les gaz en tout genre, les solvants, les additifs, les déodorants d’intérieur, les insecticides et tout produit étranger à notre corps, tels que : les peintures, les laques, les colles de revêtement des sols, certains produits désodorisants ; et également les émanations d’ozone des photocopieuses.
Il faut cuisiner loin d’un four à micro-ondes, à plusieurs mètres !
Il faut avoir recours à des écrans LCD qui protègent le corps des émissions toxiques.
Tous les stress, qu’ils soient émotionnels ou physiques, contribuent à la surcharge de radicaux libres.
La consommation trop importante d’alcool est une source importante de radicaux libres.
La fumée : si l’on fume, chaque bouffée de cigarette contient environ 1.015 molécules oxydantes , et la consommation de tabac double les
besoins en vitamine C ( puissant anti-oxydant !)
Une pratique sportive trop intensive ( plus d’une heure /jour) ou trop répétitive ( plus de 5 fois /semaine) décuple les radicaux libres.
L’obésité : les personnes obèses développent de fortes réactions inflammatoires, qui sont productrices d’espèces réactives de l’oxygène, donc de radicaux libres.
Le recours intempestif aux examens radiologiques augmente le stress oxydant.
Le soleil. La surexposition aux rayons UV du soleil contribue également à la création de radicaux libres.
Ceci, pour ne citer que quelques-uns parmi les facteurs en cause.
Rappelons, pour mémoire que plus on avance en âge, plus la production de radicaux libres augmente. Il en est de même pendant la grossesse.
Quelles sont nos défenses naturelles ?
Pour freiner la libération dans les cellules de ces agents destructeurs, notre corps dispose des antioxydants :
Primaires : ils sont fabriqués par notre organisme, comme par exemple : le glutathion, l’acide alpha-lipoïque, l’acide urique, le coenzyme Q10, la mélatonine, la DHEA; les enzymes que sont la catalase, la glutathion réductase, la superoxyde dismutase, etc..
Secondaires : ils sont présents dans notre assiette. Ce sont :
– certaines vitamines (C,E, complexe des vitamines B etc)
– des oligo-éléments (Zn, Cu,Se,Fe)
– des composés des fruits et des légumes (caroténoïdes, polyphénols, isothiocyanates)
– des composés des épices et des aromates (les terpènes).
Comment quantifier le stress oxydatif ?
Dans notre Centre Médico-dermato-cosmétologique, à Lausanne, nous procédons à un 1er test, « le test EDEL » mis au point par un biologiste et chercheur à l’EPFL ( Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne), le Dr. Ph. Tacchini,. Ce test, par une simple prise de sang digitale, permet, en 15 secondes, de déterminer si le patient se trouve hors de la zone dite de « confort », c-à-d. en situation de « rupture de santé », ou en « pré-maladie », et donc si son stress oxydatif » dépasse les normes admises.
Si tel est le cas, on conseille au patient une analyse minérale capillaire, permettant le dosage de 22 oligo-éléments et minéraux (le dosage sanguin n’en permettant qu’une analyse précise de 14 ) et de 8 métaux lourds toxiques. La fiabilité du Laboratoire d’analyses est primordiale dans ce genre d’analyses.
En outre, l’analyse capillaire, étant donné que l’on teste 3 échantillons de 3 cm de longueur de cheveux, donne un reflet de la situation sur les 3 derniers mois, alors que l’analyse sanguine ne donne elle que des résultats au temps T 0 , soit au moment de la prise de sang.
En conclusion, les plus de 25.000 études principales consacrées au « stress oxydatif », et ceci surtout dans les 15 dernières années, dans les Laboratoires de recherche les plus performants, et le fait que cette doctrine et les différentes théories qui lui sont associées soient, depuis un certain temps déjà, enseignées dans de nombreuses Facultés de Médecine, font que ce nouvel aspect, purement préventif, de la Médecine, est certainement appelé à avoir un impact de plus en plus considérable, dans les années à venir, dans les traitements de maladies telles que l’Alzheimer, le Parkinson et bon nombre de cancers, sans oublier les recherches sur le ralentissement du vieillissement des cellules humaines.
par le Dr Marcel CAPT pour l’AFME