L’oxydation des molécules de notre organisme est aujourd’hui considérée comme l’un des mécanismes moléculaires majeurs impliqués dans le processus du vieillissement et à fortiori du vieillissement prématuré. Les mitochondries dont l’intégrité fonctionnelle est indispensable à la vie de la cellule représentent une des sources les plus importantes de radicaux libres. Les altérations de l’activité mitochondriale, souvent favorisées par un environnement micro-nutritionnel défavorable, conduisent au stress oxydatif et initient un cercle vicieux qui amplifie le déclin de la cellule et aboutit à sa mort.
Les données expérimentales et épidémiologiques convergent vers un rôle prépondérant des mitochondries dans l’étiopathogénie du vieillissement prématuré et des pathologies dégénératives associées. D’autant plus que ces organites précieux, à côté de la production performante d’ATP, assurent d’autres fonctions importantes comme la synthèse des hormones stéroïdiennes, le contrôle de l’apoptose ou de la concentration calcique du cytosol.
Ce sont ces observations qui sont à la base du concept émergeant de la médecine mitochondriale dont l’objectif est d’évaluer l’activité de ces organites essentiels et de corriger les carences et excès d’un ensemble de nutriments indispensables à leur fonctionnement optimal. Cette médecine, plus qu’un concept virtuel, est une réalité applicable dès à présent aux patients. La possibilité d’évaluer la présence d’un stress oxydant et l’état des défenses anti-oxydantes d’un patient offrent l’opportunité d’optimiser de manière personnalisée l’environnement nutritionnel mitochondrial pour lui garantir un vieillissement « avec succès » et réduire au maximum le risque de maladies dégénératives. Ainsi, la médecine nutritionnelle se présente comme une approche incontournable pour les professionnels de la santé engagés dans une médecine « anti-âge ».
Introduction
Le vieillissement constitue l’un des défis majeurs posés à l’espèce humaine et à notre système de santé. Ce processus, naturel ou exacerbé par divers stress subis au long de la vie, conduit inéluctablement l’organisme à ne plus assurer son équilibre physiologique, ce qui le conduit à la mort.
Le XXème siècle a été marqué par la révolution de la longévité. L’augmentation de l’espérance de vie a conduit à un accroissement tellement important du nombre de citoyens du troisième et du quatrième âge que les fondements mêmes de notre société sont ébranlés tant au point de vue socio-économique, que médical et humain. La morbidité des personnes âgées est marquée par l’accumulation de pathologies dégénératives, par des prescriptions médicamenteuses pléthoriques et par le poids majeur des maladies chroniques incapacitantes.
Il est aujourd’hui indispensable de mieux comprendre les mécanismes moléculaires impliqués dans le vieillissement pour pouvoir intervenir de manière efficace sur ce processus et les pathologies qui lui sont associées. Le concept de la médecine mitochondriale pour la prise en charge des problèmes du vieillissement s’affiche aujourd’hui comme une approche incontournable et offre d’emblée la possibilité d’intervenir chez les patients en évaluant et optimisant l’environnement micro-nutritionnel de leurs mitochondries pour une performance énergétique maximale et une accumulation de lésions oxydatives minimales.
Vieillissement, rôle de l’oxydation et des mitochondries
Le processus de vieillissement est complexe et multifactoriel. Il implique des facteurs génétiques, des altérations du fonctionnement cellulaire et notamment des effets délétères des radicaux libres responsables du stress oxydant, ou encore le rôle des modifications du métabolisme des protéines comme la glycation non enzymatique. Le stress oxydatif très intimement lié au vieillissement. Il correspond à l’accumulation de lésions oxydatives au niveau des molécules de notre organisme, les protéines, les lipides et les acides nucléiques. Denham Harman, professeur honoraire au centre médical de l’Université du Nebraska est reconnu comme le père de la théorie radicalaire du vieillissement. Aujourd’hui, cette théorie est celle qui a reçu le plus de support scientifique tant au niveau épidémiologique qu’au niveau expérimental in vitro et in vivo. L’activité mitochondriale est le pourvoyeur majeur d’entités moléculaires radicalaires.
La mitochondrie est une bactérie ancestrale qui, il y a 1,6 milliards d’années, a inventé un système biochimique permettant d’utiliser les propriétés, au départ toxiques, de l’oxygène. Grâce à l’invention de la respiration cellulaire, 36 molécules d’ATP sont extraites du pyruvate.
Les mitochondries sont des organites présents dans toutes les cellules eucaryotes. Elles assurent l’extraction maximale de l’énergie chimique des glucides et des lipides. Ce procédé implique la manipulation d’électrons à haute énergie. Ceux-ci vont faire fonctionner des moulins à protons qui vont contribuer à établir un gradient de protons qui à son tour animera l’ATP synthase.
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Note du comité de lecture