Et si l’évolution de la médecine esthétique se faisait vers une approche globale du vieillissement ? C’est bien possible si l’on regarde les tendances actuelles de ce secteur dans les pays les plus avancés.
En 2025, il est difficilement concevable qu’un médecin pratiquant des soins esthétiques pour atténuer les signes visibles du vieillissement n’intègre pas une prise en charge globale du problème. Cette évolution de la pratique est motivée par un double objectif : répondre aux attentes croissantes des patients et considérer la santé sous un angle holistique, où l’esthétique devient une partie intégrante d’un état de bien-être global.
En tant que médecins, il est primordial de rester fidèles à notre déontologie, en plaçant toujours la santé au centre de nos pratiques.
Pourquoi intégrer une consultation anti-âge ?
L’intégration d’une consultation spécifique de médecine anti-âge offre plusieurs avantages :
- Obtenir une synergie entre actes esthétiques et prise en charge anti-âge globale :
En associant soins esthétiques et interventions anti-âge, le médecin propose une approche complémentaire qui maximise les résultats. Cette synergie permet de traiter les causes profondes du vieillissement tout en améliorant l’apparence extérieure, offrant ainsi une satisfaction accrue aux patients. - Enrichir son offre de soins :
Proposer des services innovants en médecine anti-âge permet de se distinguer sur un marché en forte expansion. - Fidélisation de la patientèle :
En répondant aux besoins plus larges des patients, le praticien renforce la confiance et l’engagement des patients sur le long terme. - S’affirmer comme leader dans la longévité et l’esthétique :
En combinant esthétique et optimisation de la santé, le médecin peut se positionner comme une référence dans un domaine en constante évolution.
Comment vos patients expriment leur demande
Les attentes des patients vont bien au-delà d’un simple traitement des signes visibles de l’âge. Leurs demandes incluent souvent les motifs suivants :
- Retrouver l’énergie perdue, lutter contre la fatigue
- Rester actif(ve)
- Ralentir le vieillissement en général
- Eviter les maladies de dégénérescence
- Vérifier qu’ils n’ont pas de carences, etc…
Une approche intégrative permet d’allier l’amélioration de l’aspect extérieur à un mieux-être général, en agissant sur les principaux piliers de la santé et de la longévité.
Les piliers de la forme et de la longévité
Ce sont les conditions de base pour garder une bonne forme malgré l’avancée en âge. Elles constituent le socle de la santé. Il est possible d’intervenir à ce niveau avant même de donner des prescriptions. Il s’agit de :
Evitement des toxiques (tabac, alcool, polluants divers…) / bonne élimination des toxines générées par le corps (fonctions de détoxication).
- Bon sommeil : une qualité de sommeil optimale influence directement les processus de régénération cellulaire.
- Activité physique et respiration : la sédentarité est un fléau actuel bien connu, un minimum d’activité physique est salutaire. Une bonne respiration voire des exercices respiratoires contribuent à maintenir les fonctions vitales et à réduire l’inflammation.
- Nutrition optimale : elle doit garantir des apports corrects en nutriments essentiels (vitamines, minéraux, acides aminés, acides gras, H²O, O²) et prévenir les carences.
- Microbiote équilibré : il conditionne une bonne digestion/assimilation mais aussi l’élimination des toxiques, une bonne immunité…
- Gestion du stress et des émotions : réduire le stress chronique améliore la réponse immunitaire, la digestion, les fonctions cognitives, l’équilibre hormonal…
- Relations sociales : des interactions sociales positives contribuent à la santé mentale et à la longévité. L’isolement social est plus néfaste que le tabac sur la santé. Cela est bien démontré.
On cherchera à ce que tous ces points soient remplis chez nos patients, bien entendu.
Les grandes voies de la médecine anti-âge
Il s’agit ici des principales voies connues aujourd’hui pour améliorer les capacités physiques et cognitives à tout âge et, dans le même temps, la longévité.
1. Évitement des toxiques et détoxication
Les « xénobiotiques » (exotoxines issues de l’environnement) ainsi que les toxines produites par le métabolisme (endotoxines) peuvent accélérer le vieillissement cellulaire. Une des multiples théories du vieillissement est d’ailleurs l’accumulation de toxines à divers niveaux dans l’organisme.
Cette voie vise à réduire l’exposition aux toxiques et améliorer les mécanismes naturels de détoxication via les organes d’élimination.
2. Nutrition et complémentation
Cela consiste à optimiser les apports en vitamines, minéraux, acides gras et acides aminés essentiels, indispensables à la régénération cellulaire et au bon fonctionnement de l’organisme. Avec l’âge, les besoins en nutriments augmentent souvent, alors que leur absorption peut diminuer en raison de facteurs comme la diminution de l’acidité gastrique ou de troubles digestifs. Il s’agit donc d’équilibrer l’alimentation et de complémenter en cas de carences en nutriments.
3. Ralentisseurs (voire inverseurs) du vieillissement
Cette voie explore les découvertes scientifiques sur les molécules et techniques capables (dans des études scientifiques reproduites) de ralentir les processus du vieillissement ou même de les inverser. Cela inclut les substances soit chimiques, soit naturelles (comme certains antioxydants par exemple) qui agissent sur les voies du vieillissement que l’on connaît de plus en plus. Des résultats étonnants ont été obtenus chez l’animal mais moins chez l’homme.
Il y a aussi des innovations comme les cellules souches en médecine régénérative, les interventions visant à rallonger les télomères, et les thérapies géniques encore expérimentales…
4. Production énergétique
La production d’énergie au niveau cellulaire (via les mitochondries) diminue avec l’âge (plus ou moins vite selon le mode de vie), entraînant fatigue, baisse des performances physiques et mentales, puis la dégénérescence des tissus.
On se rend compte aujourd’hui que la production énergétique cellulaire est au cœur des maladies de dégénérescence (diabète, neurodégénérescence, maladies cardiovasculaires, ostéoporose, cancers…), de la production hormonale, de l’immunité… et du vieillissement en général.
Cette voie se concentre sur le soutien mitochondrial par des nutriments ou des cofacteurs spécifiques, des périodes d’alimentation spécifique (cétogène par exemple, ou à temps restreint), et des exercices physiques pour stimuler l’activité mitochondriale.
5. Hormèse, autophagie et régénération cellulaire
L’hormèse consiste à exposer l’organisme à de faibles niveaux de stress (comme le jeûne, l’exercice intense ou le froid) pour renforcer sa résistance.
L’autophagie est un mécanisme cellulaire de « nettoyage », permettant d’éliminer les cellules endommagées ou dysfonctionnelles pour faire place à des cellules saines. Les approches comme le jeûne intermittent, l’exposition au froid, certains compléments, et la restriction calorique peuvent favoriser ces processus et stimuler la régénération cellulaire.
6. Équilibrage/supplémentation hormonale
Le déclin hormonal lié à l’âge (comme celui des hormones sexuelles, de la mélatonine ou de la DHEA) peut affecter l’énergie, la vitalité, la santé osseuse et la fonction cognitive. Une prise en charge personnalisée par des approches naturelles (comme les adaptogènes ou les sensibilisateurs hormonaux) peut restaurer cet équilibre et optimiser le fonctionnement global de l’organisme. Dans d’autres cas, des traitements hormonaux bio-identiques peuvent venir se substituer aux hormones défaillantes. Les utiliser demande un minimum de précautions et de compétence.
Une consultation anti-âge minimaliste pour le médecin esthétique
Il est possible d’intégrer une consultation anti-âge de bonne qualité sans bouleverser son organisation. Ma proposition est de traiter trois axes principaux, ce qui conduira dans tous les cas à une amélioration des fonctions vitales qui leur sont liées, et de l’état général. Il est toujours possible d’aller plus loin par la suite.
Pour structurer une consultation anti-âge minimaliste mais efficace, voici ces trois axes fondamentaux qui conditionnent en fait tous les autres :
1 . Toxiques, toxines et détoxication
Il est pertinent de commencer par là. En effet, éliminer ce qui est mauvais est souvent plus performant que rajouter ce qui est sensé être bon. L’accumulation de toxiques provenant de l’environnement (polluants, perturbateurs endocriniens, métaux lourds, toxiques…), de l’alimentation (additifs, pesticides, plastiques, alcool, drogues, médicaments…) est un réel problème de santé publique aujourd’hui.
Cette 1° étape consiste à identifier et réduire l’exposition aux toxiques environnementaux tout en soutenant les mécanismes de détoxication naturels du corps. Le foie, les reins, l’intestin, la peau et les poumons jouent un rôle clé dans l’élimination des substances indésirables. Une surcharge toxique peut accélérer le vieillissement, perturber les fonctions métaboliques et provoquer une inflammation chronique.
Les interventions possibles sont :
- l’usage de plantes drainant les organes émonctoires,
- les nutriments cofacteurs de la détoxication hépatique (acides aminés comme cystéine, taurine…, antioxydants, certains minéraux et vitamines),
- l’hydratation optimale,
- des programmes de jeûne ou d’alimentations adaptées, etc…
- l’éducation des patients sur l’importance de réduire leur exposition aux toxiques…
En agissant ici, vous améliorez non seulement la santé globale, mais aussi l’apparence extérieure des patients car une surcharge toxique se reflète souvent par une peau terne, des cheveux fragiles ou des ongles cassants.
2 . Apports corrects de nutriments
Une alimentation saine évite donc les substances toxiques ou capables d' »encrasser » l’organisme. Elle doit ensuite assurer les apports quotidiens de nutriments essentiels (vitamines, minéraux, acides gras et aminés…). Dès lors que leurs niveaux deviennent insuffisants, des fonctions vitales commencent à s’affaiblir.
L’apport de fibres et polyphénols antioxydants (trouvés essentiellement dans les végétaux) est important aussi.
En parallèle, des compléments alimentaires peuvent être utilisés pour combler les déficits spécifiques liés à l’âge ou au mode de vie, comme la vitamine D, le magnésium ou les oméga-3… L’objectif est d’optimiser les apports pour soutenir les fonctions métaboliques et ralentir les processus d’oxydation/inflammation qui sont intimement liés.
Cette 2° étape vise donc à équilibrer au mieux l’alimentation, à rechercher les possibles carences, et à les compenser.
Une correction des apports en nutriments aura un impact direct sur l’énergie, la vitalité, et indirectement sur la qualité de la peau et des phanères, éléments souvent au centre des préoccupations des patients en médecine esthétique.
3 . Relance de la fonction énergétique (mitochondriale)
Les mitochondries, véritables centrales énergétiques des cellules, jouent un rôle clé dans le vieillissement. Leur fonctionnement peut être altéré par des toxiques, des carences nutritionnelles, une inflammation chronique, une accumulation de stress oxydatif…
Ce 3° axe vise à améliorer la production d’énergie cellulaire, essentielle pour maintenir une vitalité physique, mentale et cutanée. Les interventions possibles sont :
- Complémenter en nutriments soutenant la fonction mitochondriale selon les besoins : coenzyme Q10, acides aminés spécifiques (carnitine, glycine, taurine, NACystéine…), PQQ, NAD+, acide alpha-lipoïque, resvératrol, berbérine…
- Réduire le stress oxydatif avec des antioxydants (vitamine C, E, sélénium, polyphénols, SOD, CoQ10, etc…) qui protègent les protéines et l’ADN, et font partie des soins ralentisseurs du vieillissement global.
- Vérifier le métabolisme glucidique et la possible résistance à l’insuline si fréquente aujourd’hui et génératrice d’oxydation/inflammation, entre autres.
- Favoriser l’exercice physique adapté (intense intermittent en particulier), qui stimule la biogénèse des mitochondries.
- Appliquer des stratégies d’hormèse, comme l’exposition au froid, le jeûne intermittent ou des programmes physiques… Ces techniques appliquent un stress intense mais bref, et sont capables de renforcer : les capacités adaptatives des cellules (et le corps dans son ensemble), la microcirculation, certaines production hormonales, entres autres effets intéressants en anti-âge.
Les médecins esthétiques utilisent souvent sans le savoir, sur la peau, des techniques d’hormèse qui vont la renforcer et la tonifier : mésoneedling, peelings, radiofréquence, et autres « biostimulations »…
Relancer la fonction énergétique contribue à un meilleur état général et se reflète souvent par une amélioration visible de la forme.
Impact global sur l’état général et esthétique
Ces trois points fondamentaux sont à la racine de la plupart des fonctions vitales. En agissant sur eux, vous agissez sur les bases de la santé globale, et vous améliorerez toujours ces fonctions. Ceci se traduit aussi par une meilleure apparence extérieure. Une peau lumineuse, des cheveux brillants et des ongles solides sont le reflet d’un organisme équilibré et fonctionnel. Ce qui se passe dedans se voit en dehors !
En ciblant ces domaines clés, vous garantissez des résultats perceptibles pour vos patients, tout en leur offrant des bénéfices durables pour leur santé.
Le bilan anti-âge
Aspect clinique
L’évaluation des grandes fonctions vitales des patients se fait sur le recueil des symptômes ressentis. Il s’agit de :
- la digestion/assimilation
- la production d’énergie cellulaire
- l’équilibre neurologique et les fonctions cognitives
- l’équilibre hormonal
- la gestion du stress
- l’existence d’un stress oxydatif et/ou d’une inflammation chronique…
Des questionnaires papier ou informatisés permettent de recueillir ces symptômes et de les classifier, si l’on veut gagner du temps.
Examens biologiques complémentaires
Un ensemble de biomarqueurs du vieillissement sont répertoriés et utilisés couramment en médecine anti-âge. Ils ne seront pas décrits ici car vous pouvez les trouver dans ce précédent article sur la biologie anti-âge.
Calcul d’âge biologique :
Il s’agit d’évaluer l’âge physiologique du patient avec une série de tests. L’âge biologique peut être inférieur ou supérieur à l’âge réel selon qu’on est en forme ou pas, et que l’on possède de bonnes capacités physiques et mentales ou pas.
Un ensemble de tests classiques (mesures corporelles, tests physiques et cognitifs) peut être effectué facilement en une trentaine de minutes. Cela demande peu de matériel :
- Pèse personne impédancemétrique
- Tensiomètre
- Chronomètre
- Ergomètre
- Mini-spiromètre
- Tests de vue et d’audition basiques
- Tests de mémoire.
Aller plus loin en médecine anti-âge
Ce que nous venons de voir constitue les fondements de la « remise en forme » ou « rééquilibrage » à visée anti-âge. Utiliser d’autres techniques pour freiner le vieillissement sans mettre ces choses en ordre au préalable conduira généralement à des échecs.
En revanche, il est possible d’utiliser des traitements avancés dits « ralentisseurs du vieillissement » comme une suite logique, avec de beaux résultats. Aujourd’hui, on en connaît beaucoup et les études scientifiques sont abondantes.
Il faut un minimum de formation à ces techniques, pour le médecin qui souhaite aller plus loin dans la « prise en charge anti-âge globale » de ses patients. Ici, pas de secret : il faut connaître ces soins et savoir choisir les plus indiqués, les plus susceptibles de donner des résultats pour un patient donné.
Voici, pour ne citer que les principales, des méthodes de soins et substances « ralentisseurs du vieillissement » :
- les inhibiteurs de glycation (surtout lorsqu’il y a des troubles du métabolisme des glucides avec tendance à l’hyperglycémie) et les antioxydants,
- les sénolytiques,
- les activateurs de la voie des sirtuines,
- les traitements de substitution/support hormonal,
- ceux qui agissent sur les cellules souches,
- ceux qui améliorent la longueur des télomères, etc…
Optimisation du temps passé
Le principal frein à la consultation anti-âge pour beaucoup de médecins esthétiques est qu’on y passe facilement plus de temps. Cependant, il est possible d’optimiser cette consultation pour rester dans des temps de consultation raisonnables où patient et praticien s’y retrouvent, financièrement parlant.
Il faut aussi considérer que ce temps passé apportera aussi :
- une meilleure fidélisation des patients,
- de nouveaux patients, attirés par cette prestation,
- un meilleur service au patient dans une prise en charge plus médicale et globale…
Voici quelques conseils pour aller vers cette optimisation du temps passé :
- faites venir vos patients spécialement pour cette consultation (ne mélangez pas avec les actes esthétiques)
- travaillez avec méthode, ne vous éparpillez pas
- en consultation : utiliser des questionnaires papier ou en ligne que les patients remplissent chez eux avant la consultation, et des systèmes logiciels d’aide à la consultation
- vous pouvez déléguer la pratique des bilans cliniques (âge biologique) à votre assistante.
Présenter/proposer ces consultations à la patientèle
- ayez un discours bien rodé,
- vous pouvez avoir des documents (flyers par exemple) dans votre salle d’attente, ou à remettre aux patients, pour expliquer comment vous proposez cette prestation.
- les moyens de communication accessibles aux médecins sont les mêmes que pour les actes à visée esthétique.
En conclusion
L’évolution de la médecine esthétique vers une approche globale n’est pas une simple tendance mais une réponse aux attentes des patients qui souhaitent conjuguer esthétique et santé. En adoptant une méthodologie structurée, le médecin peut à la fois enrichir son offre, renforcer sa patientèle et contribuer à une meilleure santé publique, tout en réaffirmant sa vocation initiale : soigner.