Si une association pourtant classique avec un confrère peut apporter beaucoup de positif, elle peut aussi engendrer son lot de situations à risque. Plus exactement, elle les engendrera sans aucun doute. Il en est ainsi de toute relation humaine de proximité.
Faudrait-il alors se résoudre à mener une carrière « a-sociée », abandonnant tout possible bénéfice, puisqu’il est écrit à l’avance qu’ils paraîtront bien fades au regard des périls administratifs et parfois même financiers ? Dès lors, que penser de la chimère que représenterait une association exotique, voire contre nature pour certains, avec un confrère chirurgien ? Hubris d’un médecin en manque de reconnaissance ou absence de clairvoyance tout au mieux…
Non, bien au contraire.
Depuis très longtemps, l’association chirurgien plasticien-médecin esthétique m’apparait comme la solution professionnelle idéale.
Idéale intellectuellement. Au-delà de l’adage qui veut qu’on soit plus intelligent à deux, il est évident que la confrontation de deux modes de pensées qui se comprennent mais qui n’ont pas été construits identiquement est un formidable exercice quotidien pour notre matière grise. De nombreux clivages s’effondrent. Les protagonistes se surprennent à dépasser certaines limites de pensée, parfois factices, parfois pleinement justifiées, grâce aux connaissances mais aussi à la philosophie de l’autre.
Idéale techniquement.
Par la complémentarité de nos compétences, de notre expérience, de notre approche, la qualité du geste et de sa compréhension progresse. Bien entendu, le médecin esthétique est le premier, du moins dans mon cas, à bénéficier des compétences les plus centrales du chirurgien que sont l’anatomie et l’expérience de la chirurgie. Mais le chirurgien bénéficie tout autant de l’esprit d’aventure et d’innovation du médecin esthétique qui aura dû exploiter tout au long de sa carrière les nouveaux créneaux disponibles, les techniques matures lui étant malheureusement souvent retirées. Idéale pour les patients donc…
Il est dit que Henri Poincaré, mathématicien, physicien, philosophe et ingénieur ayant vécu dans la seconde partie du XIXème siècle, est le dernier savant universel. Il est reconnu comme étant le dernier mathématicien à avoir maitrisé l’ensemble des branches de sa discipline. Après lui, sa science s’étant complexifiée, plus aucun Homme ne pourra se targuer de la comprendre dans son entier. Il est fort à parier que le dernier médecin universel a précédé de longue date Henri Poincaré.
En 2020, le stade de la complexification de la science médicale a été dépassé. La vie d’un médecin esthétique et de son cabinet médical ne repose plus seulement sur ses facultés à maitriser une part déjà congrue de sa science mais s’étend à sa capacité à anticiper l’évolution de la société et de ses patients, à s’approprier des technologies digitales qui n’existaient pas 5 ans auparavant, à s’adapter aux codes de communications des millenials, ou encore à discerner les évolutions des autres corps de spécialisation avec lesquelles il partage le titre de Médecin afin de conserver sa «compétitivité».
Il est vain de penser qu’un seul Homme puisse accomplir cela. La synergie des compétences est en revanche une des voies à explorer dans un univers de plus en plus enchevêtré.