La discrimination sur l’apparence physique, inscrite dans la loi depuis 2001 et interdite depuis par le Code du Travail, est une sélection toujours pratiquée en entreprise. Elle était même, en 2016, la deuxième cause de discrimination parmi toutes celles qui existent (9e baromètre sur la perception des discriminations du Défenseur des droits et de l’Organisation Internationale du Travail). Sur 33 % des demandeurs d’emploi qui estiment avoir été victimes d’une inégalité de traitement, 8 % déclarent l’avoir été en effet sur des critères physiques. Parmi ceux-ci, 63 % imputent cette différenciation à leur corps, 31 % à leurs attributs extérieurs, et 16 % aux deux à la fois.
Les jeunes, sans expérience professionnelle, sont particulièrement touchés par cette iniquité. Un sur cinq est d’ailleurs au chômage.
Selon un sondage Opinion Way-Agefa PME de mai 2016, si 50% des jeunes diplômés décrochent leur premier job en moins de deux mois, 28% d’entre eux doivent patienter entre trois et six mois et 16% plus de dix mois.
Se faire embaucher est donc de l’ordre du parcours du combattant ! Encore plus difficile pour ceux qui ne se présentent pas sous un look avantageux. Il y a des codes à respecter.
« Le fait d’être jeune n’est pas un inconvénient en soi, une apparence physique non conventionnelle est considérée par les actifs comme le principal inconvénient pour l’embauche et l’évolution professionnelle d’un jeune » (enquête IFOP pour le Défenseur des droits de 2014)
La photo devant accompagner un CV est pour les entreprises un élément très important de sélection, en cinquième position après l’adresse, le nom et prénom, la date de naissance et la lettre manuscrite !
« Certaines entreprises obéissent encore trop souvent aux stéréotypes en matière de politique de recrutement » regrettait en 2014 Dominique Baudis, le Défenseur des droits dans une interview donnée à 20 minutes.
Mieux que le piston de papa-maman, un cursus d’études sans reproche ou un titre de major de promo, la beauté est « un appui préférable à toutes les lettres de recommandation » pour reprendre les mots d’Aristote.
En 2015 l’étude « Bien dans ma tête, bien dans mon corps » effectuée par IPSOS Santé pour la Fondation Pfizer auprès de 801 jeunes de 15 à 18 ans et de 802 adultes montre que, pour huit jeunes sur dix, la beauté est essentielle pour réussir dans la vie ; 55 % sont en outre persuadés que cette beauté est corrélée à la minceur.
Pour approcher de cet idéal, 52% des garçons font de la musculation et 29 % des filles font régime sur régime, au grand dam de leur santé.