L’HOMEOPATHIE AVANT LES SOINS ESTHETIQUES
La médecine esthétique intéresse de plus en plus nos contemporains et la tendance évolue vers une demande de soins visant davantage à conserver un physique agréable et des signes extérieurs de « bonne santé », de « bonne forme », de dynamisme, qui sont des attributs de la jeunesse. Nous voulons « au moins ne pas déplaire », plutôt que « chercher à plaire », comme me disait récemment et très judicieusement une vieille dame de ma clientèle. Nous sommes aujourd’hui prêts à accepter de vieillir à la condition de ne pas essuyer trop de rejets dans le regard des autres…et surtout dans notre propre miroir !
Les soins esthétiques deviennent alors une partie d’un tout où des techniques médicales non réservées aux médecins esthétiques, aux dermatologues ou aux chirurgiens plasticiens, peuvent apporter une réponse efficace. C’est le cas de l’homéopathie dont nous parlerons dans cet article. Nous laisserons d’autres spécialistes nous parler des méthodes telles que l’acupuncture, l’auriculothérapie, l’hormonothérapie diluée dynamisée, la crénothérapie, la nutrithérapie, l’hypnose, etc etc.
Nous adopterons le plan suivant :
- Le traitement de fond anti-âge en général
- Le traitement anti-âge de la peau, des muqueuses et des phanères
- Le traitement anti-âge de la silhouette
- L’homéopathie et les actes de médecine esthétique
LE TRAITEMENT DE FOND ANTI-AGE EN GENERAL
Pour se maintenir en forme, il est utile de combiner plusieurs techniques, visant toutes à apporter une meilleure oxygénation tissulaire et à combattre les effets nocifs de l’oxygène singulet et autres radicaux libres destructeurs de nos membranes cellulaires et de plus en plus nombreux avec l’âge.
Plusieurs pôles d’action sont à considérer :
- l’alimentation
- l’exercice physique
- la relaxation
- la lutte contre l’hérédité délétère et tous les poisons
L’homéopathie apportera un bon complément pour tous ces pôles d’action :
– au niveau alimentaire : dans le soutien des organes de la digestion et de l’élimination, grâce à une bonne gestion des apports alimentaires adaptés à l’âge ; c’est ainsi par exemple que la nécessité de supplémentation en vitamine D est moindre sous traitement de fond homéopathique car la vitamine D de l’alimentation est mieux utilisée par l’organisme.
– Au niveau de l’exercice physique, en permettant à la personne de pratiquer régulièrement une activité physique sans être freinée par des douleurs diverses et variées comme on l’observe trop souvent, en particulier chez les femmes après la ménopause.
Dans l’efficacité des méthodes de relaxation, dont le yoga par exemple, prônée par la médecine ayurvédique comme nécessité anti-âge pour tous, et où l’homéopathie s’avère un très bon complément ; en effet, il est très difficile de réaliser régulièrement quelques postures essentielles pour un bon effet anti-âge cardiovasculaire et locomoteur, si l’on souffre de douleurs articulaires ou corporelles chroniques.
L’homéopathie en continu nous permet d’éviter cet écueil.
– Quant à la lutte contre les effets délétères d’une hérédité difficile à porter ou de l’action de poisons tels que le tabac, l’alcool, le sucre par exemple, et a fortiori celle des drogues telles que la marijuana ou la cocaïne, l’homéopathie arrive alors en tête des méthodes que nous avons pu expérimenter comme efficaces. En association avec d’autres méthodes bien sûr, en particulier pour la désintoxication aux drogues dures, l’homéopathie peut aider à effacer de la mémoire du corps les éléments qui en accélèrent le vieillissement. Nous nous attacherons essentiellement à développer cette dernière partie.
Les médecins homéopathes, dont je fais partie depuis plus de 32 ans maintenant, considèrent les êtres humains comme soumis à des influences d’origine héréditaire et constitutionnelle que nous appelons diathèses, constitutions et types sensibles et sur lesquels notre thérapeutique possède une certaine action régulatrice, ralentissant de manière significative les effets prévisibles du temps sur notre corps.
C’est ainsi que le traitement des diathèses prend toute son importance. En effet, il existe plusieurs formes de vieillissement du visage et du corps :
– la forme sycotique, de la diathèse appelée sycose, qui se traduit pas un empâtement, une prise de poids, une rétention d’eau dans les tissus entraînant douleurs articulaires, tendineuses, céphalées, oedèmes des chevilles, des excroissances bénignes de toutes sortes (verrues séborrhéiques, fibromes pendula, grains de milium etc etc). Au niveau du visage, ce type de vieillissement se traduit par un double menton, des bajoues, un visage épais et empâté, un air fatigué, avec des sueurs de la lèvre supérieure, des pores dilatés et des varicosités visibles à l’œil nu sur les ailes du nez, les pommettes, les joues, le menton, ainsi que des excroissances diverses et variées pouvant d’ailleurs inclure des épithéliomas, Bowen cutanés, SSM et autres maladies plus graves.
– la forme luétique, de la diathèse appelée luèse ou luétisme, qui se traduit par un amaigrissement, un creusement et une accentuation des angulations naturelles du corps, une atteinte des ongles et des cheveux, un desséchement de la peau, des ulcérations ou érosions cutanéo-muqueuses ayant tendance à la chronicité et à l’induration. Au niveau du visage, les joues se creusent, les yeux s’enfoncent, les creux temporaux se forment et s’accentuent très vite, les dents abîmées favorisent les plis radiés péribuccaux fort disgracieux etc etc.
Ces deux diathèses sont les plus actives en ce qui concerne le vieillissement. La psore et le tuberculinisme entrent plus en ligne de compte dans les premières dizaines de la vie.
Les médicaments homéopathiques en cause sont essentiellement :
- thuya occidentalis, calcarea carbonica, medorrhinum, natrum sulfuricum, natrum carbonicum pour la sycose
- causticum, luesinum, calcarea fluorica, mercurius, nitricum acidum pour le luétisme.
Il conviendra naturellement d’en rechercher les signes pathognomoniques.
LE TRAITEMENT HOMEOPATHIQUE ANTI-AGE DE LA PEAU, DES PHANERES ET DES MUQUEUSES
Le traitement homéopathique anti-âge de la peau, des muqueuses et des phanères comprend quelques médicaments importants à connaître et presque toujours indiqués :
- nitricum acidum pour prévenir ou ralentir l’apparition des verrues séborrhéiques, des fissures et autres manifestations cutanées fréquentes à la jonction cutanéomuqueuse ; les fissures saignent facilement.
- luesinum : diathèse luétique caratérisée au niveau cutané par une tendance au creusement et à l’ulcération avec cicatrisation difficile
- sepia : xérose cutanée, atteinte périorificielle, sur un terrain caractéristique du type sensible à sepia (frileux, adore la chaleur et l’exercice physique violent, désir d’acidité et d’épices, aversion pour le lait, cernes noires autour des yeux, ptose des organes du pelvis, etc etc)
- hydrocotyle asiatica : lésions en plaques épaisses desquamant épais
- fagopyrum : prurit sine materia sur xérose cutanée
- dolichos pruriens : prurit des gens âgés surtout si constipation
- arnica
- hamamelis
- calcarea fluorica, ces trois derniers médicaments agissent sur les capillaires et les vaisseaux devenus un peu « atones » avec l’âge
- thallium aceticum agit sur la chute des cheveux
- anantherum agit sur la solidité des ongles
LE TRAITEMENT HOMEOPATHIQUE ANTI-AGE DE LA SILHOUETTE
Ce dernier est moins spectaculaire et, comme nous l’avons dit plus haut, il n’a d’effet visible que sur l’action anti-douleur et anti-raideur permettant à la personne qui vieillit de pouvoir garder l’activité physique nécessaire telle que le yoga ou la gymnastique douce pour se maintenir en forme jusqu’à très tard dans la vie (j’ai vu une de mes patientes prendre encore sa voiture et aller à son cours de yoga toute seule à 85 ans ! elle a maintenant 95 ans et est toujours autonome). Il conviendra de l’adapter à chaque personne selon les méthodes de l’homéopathie telles que nos maîtres nous les ont enseignées en France depuis près de 150 ans.
L’HOMEOPATHIE ET LES ACTES MÉDICAUX OU CHIRURGICAUX À VISÉE ESTHETIQUE
Il existe un certain nombre de médicaments homéopathiques utiles à connaître lorsque l’on pratique la médecine ou la chirurgie esthétique. Ils doivent être donnés avant, éventuellement pendant, et toujours après l’intervention. Il suffit de les sucer, sans autre aliment en bouche pendant, ni juste avant, ni juste après. Il n’est pas nécessaire de tenir compte des horaires de repas, car ce type de traitement s’avère efficace de toute façon, à condition d’être absorbé par voie perlinguale.
- arnica 7 ch : 2 ou 3 granules à sucer la veille si possible, puis juste avant, puis toutes les dix minutes pendant l’heure qui suit la séance, puis trois fois par jour pendant six jours ; vous verrez les effets secondaires, les ecchymoses et les hématomes en particulier, réduits de moitié en durée et en importance.
- belladonna 7 ch : 2 à 3 granules à sucer toutes les dix minutes pendant l’heure qui suit la séance, puis trois fois par jour pendant six jours, en cas de sensation de battement artériel dans la zone traitée, qui est devenue rouge et chaude et hypersensible au toucher.
- ledum palustre 5 ch : toutes les dix minutes pendant l’heure qui suit la séance, puis trois fois par jour pendant six jours en cas d’œil au beurre noir, d’hématomes importants avec aspect de tissus « mâchés » comme on en voit dans les contusions accidentelles, et chaque fois qu’il y a eu piqûre, injection de quelque chose.
- staphysagria 9 ch : 2 à 3 granules à sucer toutes les dix minutes pendant l’heure qui suit la séance, puis trois fois par jour pendant six jours à chaque fois qu’il y a eu coupure par un instrument tranchant (bistouri par ex)
- symphytum 5 ch : 2 à 3 granules à sucer toutes les dix minutes pendant l’heure qui suit la séance, puis trois fois par jour pendant six jours, chaque fois que l’on est intervenu sur une structure osseuse ou périostée.
- apis mellifica 7 ch : 2 à 3 granules à sucer toutes les dix minutes pendant l’heure qui suit la séance, puis trois fois par jour pendant six jours, en cas de brûlure ou de sensation de brûlure, avec gonflement léger et sensation calmée par l’application de froid sur la zone concernée.
Nous espérons qu’avec ces quelques renseignements vous pourrez améliorer vos performances en médecine esthétique pour la plus grande satisfaction de vos patients.
BIBLIOGRAPHIE
Traité d’homéopathie Dr Jean-Marie Chabanne et Dr Catherine Gaucher Ed Masson 2003
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Note du comité de lecture