LE MATERIEL
Le matériel utilisé est un appareil électrique de la taille d’un gros stylo sur lequel s’adapte un bloc stérile à usage unique, de 11 aiguilles fines (33G) insérées sur un piston de moins d’un centimètre de diamètre.
L’appareil* assure un mouvement vertical des aiguilles dont on peut régler la course et donc la profondeur de pénétration dans la peau, de 0,25 mm jusqu’à 2.5 mm.
Le réglage de la profondeur du soin permet ainsi de s’adapter aux différentes parties traitées ainsi qu’à la tolérance du patient. La vitesse du mouvement de poncture est, elle aussi, réglable, pouvant atteindre une rapidité extrême et permettre ainsi de réaliser des soins profonds tout en restant rapide.
Le soin (appelé aussi microneedling) réalise une infinité de micro-perforations dans la peau, qui, à elles-seules, vont déjà engendrer un processus de cicatrisation : donc une réorganisation du derme, c’est-à-dire une synthèse de néo-collagène et de nouvelles fibres élastiques.
De plus, la pénétration des principes actifs posés sur la peau au cours des séances est aussi considérablement augmentée venant apporter une stimulation supplémentaire.
Cette technique permet une modularité et une modernisation très appréciable de la technique du mésolift. On utilise des mélanges commercialisés contenant de l’acide hyaluronique fluide, non réticulé, des vitamines, oligo-éléments, acides aminés, des extraits végétaux ainsi que de la lidocaïne sans adrénaline afin d’en avoir l’effet anesthésiant et vasodilatateur.
*CE1023 du 31/05/2012.
LA TECHNIQUE
Commencer naturellement par un démaquillage et une désinfection soigneuse de la peau.
Un peeling du visage, superficiel et à l’acide glycolique, peut précéder la séance. Les principes actifs doivent être de consistance fluide. Ils sont prélevés dans une seringue de 2.5 ml, quantité suffisante pour traiter le visage entier, puis appliqués sur la peau au goutte à goutte d’une main par pression sur le piston de la seringue tandis que l’instrument de multi-ponctures est tenu de l’autre main et passé sur le visage en prenant soin de multiplier ses passages, en cercles, en lignes croisées… en fait peu importe, pourvu que les passages soient nombreux et répétés.
Au cours d’une même séance, le soin peut connaître plusieurs phases en variant les principes actifs appliqués.
Le premier passage gagne à rester relativement superficiel : sans dépasser 0.5 mm afin d’obtenir l’effet anesthésiant de la lidocaïne, avant d’augmenter la profondeur du traitement.
Cette façon de procéder évite d’utiliser le protocole préconisé par le distributeur, avec une crème anesthésiante laissée en place sous occlusif durant trente à quarante-cinq minutes. Le gain de temps est évident.
Il faut relever le fait qu’à 0.5 mm, sur le visage, la pénétration atteint déjà le derme superficiel ou moyen. A ce réglage, le soin est quasi insensible. En fin de soin la peau sera juste rosée pour moins de 24 heures.
Comme dans les techniques similaires de stimulation du collagène, les résultats apparaissent vers la troisième semaine, le temps nécessaire à la synthèse du premier néo-collagène, par un aspect plus lumineux du teint et un raffermissement de la peau. Les patientes les plus réactives observent même un effet tenseur du visage. Les résultats optimaux sont obtenus en moyenne en quatre séances, toutefois un changement perceptible est visible dès la première séance.
INDICATIONS
En un an, j’ai effectué plus de 150 séances, en majorité dans l’indication de l’anti-aging du visage, cou, décolleté. Le résultat esthétique : teint éclairci, grain de peau, resserrement des pores, raffermissement, bien qu’évident, est difficile à rendre significatif sur les photos.
Dans le cadre des cicatrices, notamment d’acné, par contre, les photographies comparatives sont éloquentes. D’autres indications : chute de cheveux, silhouette abdominale.
Une indication particulière : j’ai utilisé l’appareil dans le traitement par toxine botulique de l’hyperhidrose palmaire. La séance a été ainsi bien moins sensible qu’en injectant point par point, avec une efficacité similaire.
Les indications recoupent naturellement les indications du mésolift.
EFFETS INDÉSIRABLES
Presque inexistants et non spécifiques :
- La séance peut réveiller un herpès labial ; ceci peut être prévenu par un traitement anti-herpès préventif oral commencé la veille du soin et suivi cinq jours.
- Une folliculite, faite de micro-pustules, est exceptionnelle en respectant les règles élémentaires d’asepsie. L’appareil doit être désinfecté avant chaque utilisation à l’aide d’une lingette antibactérienne.
- L’éviction sociale et professionnelle : suite à un soin de 0.5 mm l’éviction est nulle. Plus profond, le soin laisse le visage rose, éventuellement marqué d’un piqueté qui dis- parait en 3 à 5 jours. Il suffit de s’adapter au devoir de présentation du patient.
APPORTS DE LA TECHNIQUE
L’appareil de multi-poncture apporte un caractère modulable au mésolift. Sa précision permet d’atteindre les endroits les plus délicats comme les paupières, avec 0.25 mm de profondeur. Les suites sont beaucoup plus discrètes qu’avec la méthode manuelle, même en profondeur de 1.5 mm. A cette profondeur, le soin peut provoquer un piqueté saignotant qui n’est pas péjoratif mais qui ajoute à la stimulation de la peau, à l’image du plasma riche en plaquettes (PRP).
Le mouvement parfaitement vertical des aiguilles assure une pénétration non traumatique, sans aucun effet d’arrachement, comme observé avec certains rollers. De plus, équipé d’un tel instrument, l’acte du praticien se trouve bien plus valorisé qu’à manipuler un roller.
CONSOMMABLES
– Les produits appliqués sur la peau.
– Les blocs d’aiguilles spécifiques de l’appareil.
Ces blocs sont sous emballage stérile, à usage unique pour des raisons évidentes d’asepsie. Le fait que les aiguilles s’émoussent au bout d’un soin enlève la tentation de réutiliser un bloc pour les séances d’un même patient.
CONCLUSION
Avec l’avènement des LASER et autres appareils sophistiqués, les praticiens se sont retrouvés relégués au second plan, derrière ces appareils “tous puissants” qui semblaient conduire au résultat indépendamment du manipulateur.
L’appareil de multi-ponctures rend enfin ses lettres de noblesse au geste expert du praticien en médecine esthétique, sans pour autant l’engager dans l’investissement d’un appareil encombrant et coûteux. Le praticien se retrouve vite conforté à des résultats constants. Ceux-ci sont visibles et appréciés des patient(e)s qui reconnaissent un soin efficace et l’habileté de leur médecin.