L’acné est une maladie dermatologique fréquente qui touche entre 40 et 50 millions d’individus aux USA. Elle apparaît dans 80 % des cas au moment de l’adolescence. Plus souvent les garçons que les filles, mais les œstrogènes jouent un rôle dans le climat hormonal de la fille.
Elle apparait parfois aussi à l’âge adulte. Certaines périodes de la femme comme la période prémenstruelle, la grossesse ou la ménopause entrainent une recrudescence.
L’acné se caractérise par la présence de lésions cutanées variées, comprenant des comédons, points noirs et microkystes pouvant évoluer en kystes inflammatoires plus volumineux puis à long terme en des cicatrices persistantes1.
II – Physiopathologie
La physiopathologie de l’Acné débute par une production excessive de sébum influencée par le milieu hormonal. Les glandes sébacées peuvent faire par la suite le lit d’infections bactériennes puis de réactions inflammatoires locales. Il s’agit le plus souvent d’une infection bactérienne due au Propionibacterium Acnes qui est responsable d’un foyer inflammatoire local de la glande sébacée3.
L’Acné se caractérise par la présence de lésions cutanées multiples, avec ou sans comédons, points noirs et microkystes pouvant évoluer en kystes inflammatoires plus volumineux puis à long terme en des cicatrices persistantes.
Les facteurs étiologiques sont multiples.
a) L’Acné Vulgaris est caractérisée par une surproduction de sébum, une peroxydation lipidique locale, une hyper kératinisation folliculaire avec libération accrue de médiateurs inflammatoires4.
b) Une hypersécrétion d’androgènes et prolifération de microorganismes pathogènes interviennent aussi à 54% dans la pathogénie. L’Acné est corrélée à un taux élevé de la 5 Alpha Hydroxy Testostérone et à l’activité importante de 5 alpha réductase.
c) L’Acné Vulgaris est fréquemment associée à la dépression, l’anxiété et à des troubles psychologiques, corrélés à une prolifération bactérienne intestinale, à un ralentissement du transit intestinal, à une augmentation de la perméabilité et une altération de la barrière intestinale.
C’est la théorie de l’intestin-cerveau-peau [3]: Stokes et Pillsbury (1930) ont utilisé différentes lignes de preuves expérimentales et d’anecdotes cliniques pour fournir une « réflexion théorique et pratique sur un mécanisme gastro-intestinal » pour expliquer comment la peau est influencée par des états émotionnels et nerveux.
Non seulement un régime alimentaire sans oméga-3 augmente la SIBO [3bis] mais il a également été associé à plusieurs reprises à un risque accru de symptômes dépressifs [3ter].
d) La stagnation intestinale serait présente à 47% ainsi que la constipation chez 40 % des acnéiques : la concentration fécale de certaines bactéries dominantes telles que Lactobacillus et de Bifidobacterium serait diminuée, tandis que les Bacterioides Spps sont plus abondants.
e) D’autres troubles digestifs sont relevés tels que l’halitose, le RGO, le ballonnement (37%) et l’hypochlorhydrie (40%) et le syndrome de l’intestin irritable.
L’hypochlorhydrie de l’estomac favoriserait la migration-reflux des bactéries du colon vers les portions distales de l’iléon et du jéjunum devenant le préambule du SIBO et la présence dans le sang des LPS (lipo-poly-sacharrides) bactériens de l’E. coli. va signer le début de la perméabilité intestinale. (4)
L’hypochlorhydrie a été confirmée ces dernières années comme un facteur de risque important de prolifération bactérienne de l’intestin grêle (SIBO). En fait, le SIBO est détecté chez la moitié des patients traités par un inhibiteur de la pompe à protons à long terme via un test respiratoire à l’hydrogène.(5)
La présentation de SIBO présente un large éventail, allant de l’asymptomatique à l’extrême comme le syndrome de malabsorption sévère.
De nombreux patients acnéiques présentent des symptômes gastro-intestinaux, notamment des ballonnements, de la diarrhée, des douleurs abdominales et de la constipation. (6)
Les rapports montrent également que le SIBO est répandu dans les syndromes fonctionnels, y compris la fibromyalgie et le syndrome de fatigue chronique. (7)
Une étude récente rapporte que SIBO est 10 fois plus répandu chez les sujets souffrant d’acné rosacée que chez les témoins sains5.
f) L’acné est présente chez 70% des patientes acnéiques porteuse du syndrome des ovaires polykystiques caractérisé par une hyperandrogénie, une anovulation, une insulinorésistance accompagnée d’hyperinsulinémie.
L’insuline et le métabolisme glucidique peuvent donc jouer un rôle de facteur aggravant dans la patho-genèse de l’affection acnéique.
g) Pendant longtemps, le lien entre la nutrition et l’acné a été controversé. Toutefois, aujourd’hui ce lien est bien documenté et argumenté, il fait même l’objet d’un consensus scientifique.
Les études médicales ont clairement démontré que le modèle alimentaire joue un rôle important dans le développement de l’acné, particulièrement lors d’une alimentation riche en sucres et féculents à index glycémique élevé et également lors d’une consommation excessive de produits laitiers (1,2).
Les patients ont alors une charge locale élevée de lipides oxydés au niveau de la peau et une forte demande en antioxydants.
h)Les pics de sécrétion de la progestérone au cours des menstruations et grossesses sont aussi corrélés avec les poussées de pathologies cutanées : acnés, psoriasis, lésions d’herpès et dermatites (atopiques et allergiques).
Les traitements classiques préconisés alors reposaient sur :
- L’Antibiotherapie an long cours : clindamycine, erythromycine, tetracyclines. La Société Française de Dermatologie recommande de ne plus traiter systématiquement l’acné simple par des antibiotiques per os.
- L’Isotrétinoine (vit A)
Ces traitements sont efficaces mais les effets secondaires sont nombreux
- Clindamycine : colites pseudomenbraneuses
- Tetracyclines : coloration brune de la peau
- Erythromycine : dysfonctionnement hépatique
- Isotrétinoine : risque tératogène
III – Hypothèses
L’Acné serait directement liée au régime alimentaire :
En 2002, Cordain et al . ont mené une étude6 auprès de deux populations non occidentales :
- les insulaires de Kitavan en Papouasie-Nouvelle-Guinée
- les chasseurs-cueilleurs Aché du Paraguay.
Parmi environ 1300 sujets, aucun cas d’acné n’a été signalé.
Cordain et son équipe ont suggéré que l’absence d’acné dans ces sociétés pouvait être une conséquence directe de leur régime alimentaire
Le régime du peuple Kitavan était constitué de tubercules, de fruits, de poissons et de noix de coco. La consommation de produits laitiers, d’alcool, de céréales raffinées, de sucre, d’huile non pressées à froid, et de sel était minime. Les chercheurs ont suggéré qu’un apport modéré en aliments non modifiés (fruits, légumes, poisson) et une faible charge glycémique pourraient être la cause de l’absence d’acné dans les deux populations.
Le régime alimentaire détermine la qualité du microbiote :
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