Depuis une vingtaine d’année, les tatouages permanents et la dermopigmentation sont devenus une grande mode dans les pays occidentaux. Des nouvelles techniques permettent un meilleur maintien des couleurs et des pigments devenus plus riches. Cet art ancestral s’accompagne d’une avancée scientifique où les données sur l’épidémiologie de récents tatouages en occident côtoient l’explosion des demandes de détatouage chez la nouvelle génération.
D’après une brève revue de la littérature, il s’avère que tous les profils au sein de la génération des jeunes tatoués se retrouvent un jour ou l’autre à se questionner sur les possibilités pour enlever un tatouage. Les interrogations s’orientent principalement sur l’efficacité des traitements actuels ainsi que sur le risque potentiel qu’ils représentent. La part psychologique émanent d’un tatouage qu’une personne ne supporte plus est à l’heure actuelle l’un des nouveaux maux de notre société moderne que l’on doit prendre en considération.
Dans une étude récente, l’épidémiologie montre que près d’un quart de la population jeune est tatouée. La plupart des tatouages réalisés dans les dernières années sont très résistants avec des couleurs vives. Il est estimé dans cette même étude qu’en France près de 10% des 5 à 10 millions de tatoués envisageront un détatouage dans les futures années suivant la réalisation du tatouage. Les consultations d’information pour retirer les tatouages explosent, tout comme les dérives autour de cette patientèle souvent dans un mal être psychologique. La médecine essaye de répondre aux mieux aux demandes et passe par des techniques d’extrusion parfois très invasives (chirurgie large) à des techniques minimisant les cicatrices comme les lasers picoseconde encore plus performants ou les méthodes d’extrusion chimique.
Bien que les premiers témoignages de détatouage remontent à Platon, les études histologiques ont permis de mettre en évidence selon Variot et Morau, précurseur du détatouage dès 1887, que pour effacer efficacement un tatouage, il faut impérativement agir en profondeur, là où les pigments siègent dans le derme. De plus, la part esthétique et sécuritaire est fondamentale dans l’évolution des techniques depuis ces dernières années. Dans ce contexte, l’effacement du tatouage se fera obligatoirement par la destruction progressive des pigments au fur et à mesure des séances de détatouage.
Il faut garder en tête que le tatouage est réalisé par l’injection d’encre sous la peau à l’aide de fines aiguilles. Les pigments d’encre sont alors stockés au sein du derme dans les macrophages, ce qui les rend résistants contre l’élimination par le système immunitaire et donc fortement durables dans le temps. On a montré également qu’une fraction d’’encre va disséminer par voie lymphatique et s’accumuler dans les ganglions lymphatiques qui deviennent donc colorés et que l’on retrouvent ainsi à l’autopsie.
Il existe sur le marché actuel, trois techniques principales d’effacement du tatouage. Une méthode chirurgicale d’exérèse, différents types de détatouage laser de plus en plus performants et une technique d’extrusion des pigments par captation reprenant le procédé de Variot. Le détatouage est une chance pour certain mais n’est pas sans conséquences pour le derme. Des risques en termes de cicatrisation, d’esthétique et un poids lourd au niveau du prix et du nombre de séances sont à prendre en compte.
Cet article s’intéresse aux différentes techniques de détatouage pour en révéler les avantages et inconvénients.
Le détatouage
La décision de retirer un tatouage n’est pas une décision à prendre à la légère. Un bilan étoffé auprès d’un médecin spécialisé dans le détatouage est réalisé avant tout acte pour déterminer le choix de la technique la plus appropriée. De plus toutes contre-indications doivent être écartées telles que des infections cutanées, un trouble de santé mental, une grossesse, des risque de mauvaise cicatrisation et surtout une instabilité psychologique qui aboutirait à faire à moitié le traitement. Les différentes techniques étayées dans l’article qui suit, sont employées en regard du phototype, du type de tatouage et de sa profondeur (professionnel, amateur…), des couleurs employées et l’ancienneté et de sa localisation sur le corps. L’ensemble de ses paramètres peuvent aussi être en corrélation avec la qualité de cicatrisation de la peau.
1) L’exérèse chirurgicale
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