La radiofréquence est utilisée depuis plusieurs années pour différentes indications : lutter contre le relâchement de la peau du visage, du ventre, des membres et aussi améliorer les cicatrices profondes d’acné ou post-traumatiques, et améliorer l’aspect fripé des vergetures.
Elle donne généralement de bons résultats dans ces indications sans avoir à recourir à des techniques plus invasives et agressives. Cependant, de l’avis des utilisateurs il existe 10% à 20 % des patients qui ont un résultat insuffisant avec cette technologie.
Dans cet article, nous voulons faire le point sur les bonnes et les mauvaises indications de la radiofréquence. Le but est de pouvoir mieux sélectionner les patients qui pourront bénéficier de cette technologie et obtenir des résultats qui les satisferont.
Il est en effet difficile de savoir à l’avance quel type de peau va bien réagir à la radiofréquence. Pour répondre à cette question, nous nous baserons sur notre expérience de 1 an1/2 d’utilisation et sur l’expérience de plus de 3 ans d’autres médecins, rapportée lors d’une réunion d’utilisateurs qui a eu lieu en décembre 2012.
RAPPEL SUR LE PRINCIPE D’ACTION
La radiofréquence est une onde électromagnétique qui provoque l’agitation des molécules dans la peau, sans les détruire. Ces mouvements alternatifs hyper-rapides provoquent un échauffement du tissu sous-cutané.
Cette chaleur engendrait dans un premier temps une modification des fibres de collagène qui se rétractent. Dans un second temps, elle provoquerait une accélération du métabolisme des cellules. Cela est sensé stimuler, entre autres, les fibroblastes du derme pour la fabrication de nouvelles fibres de collagène. Ainsi on espère améliorer l’épaisseur de la peau et provoquer un effet de re-tension. Le matériel utilisé pour cette étude est une radiofréquence multi-bipolaire commercialisée en France.
Il possède plusieurs têtes de traitement avec des écartements différents entre les électrodes qui permettent de les adapter à la profondeur du derme sur la zone traitée.
En théorie la profondeur de pénétration de l’onde électromagnétique est égale à la moitié de la distance entre les 2 électrodes. Ainsi nous utilisons l’applicateur « fine » avec une pénétration d’environ 2 mm sur les peaux fines (paupière et zone péri-orale).
L’applicateur « small » avec une pénétration d’environ 4 mm est utilisé pour la peau du visage et du cou. L’applicateur « large » avec une pénétration d’environ 11 mm est utilisée pour le corps et les membres car il permet d’aller plus profond et de chauffer plus rapidement de larges zones.
LA MÉTHODE EST-ELLE IMPORTANTE POUR LE RÉSULTAT ?
Il est admis que pour avoir une stimulation thermique suffisante en profondeur il faut atteindre une température entre 40°C et 43°C en surface de la peau. Quels sont les « end-points » à atteindre pour savoir si on a obtenu cette température en surface ?
En pratique, cette température est obtenue par l’échauffement progressif de la peau par plusieurs passages successifs sur la même zone jusqu’à atteindre le seuil de tolérance qui se situe autour de 43 °C pour la plupart des individus. Avec l’habitude on considère que, pour avoir une efficacité, il faut donc chauffer jusqu’à la limite de tolérance du patient, sans que cela devienne douloureux, et jusqu’à ce que la peau devienne rouge et chaude au toucher.
Des échecs peuvent provenir du fait que certains patients ont un seuil de tolérance à la chaleur très bas et d’autres ont la peau qui rougit très vite du fait d’une fragilité vasculaire constitutionnelle ou d’une forte exposition au soleil la veille du traitement. Cela peut donc fausser l’évaluation du seuil d’efficacité par le médecin et entraîner une chauffe insuffisante qui diminue l’efficacité.
Il est donc toujours indispensable d’effectuer un contrôle de la chaleur atteinte en surface grâce à un thermomètre infra-rouge appliqué au ras de la peau, au cours du traitement. Il existe même parfois des patients qui ne tolèrent pas du tout cette montée de chaleur et que nous devons pour cette raison exclure sous peine d’échec. Il est possible dans ce cas de recourir à une pré-anesthésie par une crème anesthésiante.
Il est alors indispensable d’effectuer un contrôle de la température par le thermomètre car le seuil de sensibilité cutané, qui atteste que la température de 41 à 43 °C est atteinte, n’existe plus. Pour une bonne efficacité, on considère que cette température doit être maintenue pendant 3 à 4 minutes. Il est donc nécessaire de continuer à faire des passages sur la zone une fois la température idéale atteinte.
D’autre part, on doit travailler sur une zone la plus large possible pour avoir le maximum de rétraction. Par exemple, pour les bras travailler sur toute la circonférence du membre. Pour l’ovale du visage, travailler sur toute la joue et les pommettes jusqu’aux oreilles.
Parfois, l’opérateur a beaucoup de mal à faire monter la température de la peau. On peut penser qu’il s’agit d’une peau très déshydratée. L’eau présente dans la peau est en effet un élément majeur pour obtenir un bon échauffement par la radiofréquence.
Il est important, dans ce cas, de demander à la personne de bien boire et d’utiliser une crème hydratante (voire une crème anesthésiante) avant la séance. La peau doit donc être bien hydratée pour augmenter l’efficacité de la technique.
QUAND PEUT-ON PARLER D’ÉCHEC ?
Le résultat produit par la stimulation thermique est lent à apparaître. Donc, on ne peut juger de l’efficacité qu’au bout de plusieurs séances au rythme de 1 séance toutes les 2 ou 3 semaines.
Un résultat visible sur la re-tension n’apparaît donc souvent qu’après 3 à 6 séances et les résultats continuent à s’améliorer 3 à 6 mois après la dernière séance. L’amélioration étant très lente et progressive le patient ne s’en rend pas toujours compte.
Cependant il a très souvent des réflexions de son entourage du style : « tu as bonne mine !», « tu es en forme !» ce qui traduit l’amélioration visible de la qualité et de la re-tension de la peau du visage.
Le médecin peut juger lui-même de l’amélioration en pinçant la peau. Au fur et à mesure des séances, on constate que le pli de la peau est plus épais et plus élastique traduisant l’amélioration de sa qualité.
Il est donc important de patienter avant de parler d’échec. La prise de photos avant traitement et après la 4ème ou 5ème séance, dans des conditions similaires, permet de visualiser les changements.
L’ÂGE A-T-IL UN RÔLE DANS L’EFFICACITÉ ?
L’âge des patients traités s’échelonne de la trentaine à plus de 70 ans. Nous constatons en général que les patients jeunes ont un réponse plus rapide et plus spectaculaire au traitement. Cela peut-il s’expliquer par la richesse de la peau jeune en fibroblastes plus actifs ?
La peau des personnes âgées est évidemment plus abîmée, plus relâchée, et contient moins de fibroblastes actifs et est donc plus difficile à réparer.
Le traitement des cicatrices profondes d’acné ou post-traumatiques chez des patients jeunes est un exemple où nous obtenons de bons résultats.
Les résultats peuvent aussi être spectaculaires sur des vergetures larges, fripées, ou un relâchement cutané abdominal suite à un accouchement ou un amaigrissement, chez des personnes jeunes.
LE TYPE DE PEAU A-T-IL UN RÔLE DANS L’EFFICACITÉ ?
L’épaisseur de la peau semble jouer un rôle dans l’efficacité. Les peaux très fines sur le visage semblent répondre moins bien que les peaux épaisses. Cela vient-il du fait que plus l’épaisseur du derme est importante, plus il y a de fibroblastes à stimuler, ce qui augmente nettement la fabrication de nouvelles fibres ?
La surcharge graisseuse semble aussi jouer un rôle dans l’efficacité. Une peau alourdie par une ptose graisseuse importante répondra moins bien. En effet, si la bajoue est trop lourde, ou si un double menton graisseux s’associe au plissé du cou, la re-tension de l’ovale du visage ou du cou ne sera pas suffisante pour lutter contre la gravité.
Dans ce cas le résultat sera souvent médiocre et il ne faut pas créer de faux espoirs chez la patiente et lui expliquer que d’autres techniques devront être associées pour qu’elle obtienne le résultat souhaité.
Il en est de même à la face interne des bras et des cuisses lorsque le plissé de la peau qui apparaît après la ménopause s’associe à un relâchement du tissu graisseux qui ballote. Dans ce cas, le résultat ne portera que sur la qualité de la peau et non pas sur la disparition de la surcharge graisseuse ce qui risque de décevoir la patiente qui voudrait aussi voir disparaître cette surcharge graisseuse.
De la même façon sur le ventre, le plissé qui reste après un accouchement ou un amaigrissement important est plus difficile à améliorer s’il existe une ptose graisseuse associée.
QUELLES SONT DONC LES BONNES INDICATIONS DE LA RADIOFRÉQUENCE ?
Les meilleurs résultats sur la re-tension et l’amélioration de la qualité de la peau sont donc obtenus chez des sujets jeunes, à peau épaisse, présentant un relâchement débutant ou modéré, mais sans surcharge graisseuse sous-jacente.
Il faut savoir récuser les patients chez lesquels le relâchement cutané s’accompagne d’une ptose graisseuse importante qu’il est difficile de remonter.
Il faut également prévenir les patients présentant un relâchement très important, mais qui refusent le lifting chirurgical, de ne pas espérer une amélioration complète.
Cet article a pour but d’aider le praticien à optimiser ses résultats avec le matériel utilisé dans l’étude. Ces conclusions ne sont pas forcément transposables à d’autres marques de matériel de radiofréquence avec lesquels chacun fera sa propre expérience.
Les résultats obtenus peuvent bien sûr être encore optimisés par l’adjonction de radiofréquence fractionnée ablative ou d’autres sources d’énergie.
Le Dr Rafstedt déclare ne pas avoir de conflit d’intérêt, notamment avec la firme qui commercialise l’appareil servant à cette étude.
BIBLIOGRAPHIE
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Note du comité de lecture
2 commentaires
Bonjour,
Article très intéressant qui explique très bien comment et pourquoi la radiofréquence peut fonctionner chez certaines personnes et chez d’autres un peu moins.
A partir de 50 ans j’ai le pli fessier droit qui s’est effrondé malgré une activité physique jamais interrompue (fitness en particulier) . J’ai donc pris un rendez vous dans une clinique esthétique avec un médecin esthétique pour 4 séances de radiofréquence. Et bien au lieu de retrouver une peau des fesses plus ferme et plus tendue, ma peau des fesses a été abimée car maintenant elle est plissée et froissée. C’est la première fois et la dernière fois que je pratique de la médecine esthétique. Et j’alerte sur le fait que le médecin était incompétent pour déconseiller cette technique dans mon cas.