La face, une singulière partie de nous
En tant que dermatologues, nous avons affaire à un organe très particulier, puisqu’il recouvre tout le corps ! Interface entre l’intérieur de nous, notre intimité profonde, et l’extérieur, l’Autre… il s’agit d’une véritable « inter-face », qui met face à face deux entités différentes.
La face, le visage, faire face, faire bonne figure… autant d’expressions qui ne donnent qu’une très petite mesure de ce que représente cette partie du tégument corporel. L’une des situations les plus critiques concernant le visage est sans conteste l’acné et les situations cliniquement apparentées comme la rosacée (qui n’est pas une acné).
Voici nos protocoles personnels de prise en charge (association homéopathie/lumière et radiofréquence) avec nos propres statistiques de résultats à 10 ans et des exemples de cas cliniques concrets.
Définition et physiopathologie
Ce sont deux pathologies totalement différentes dans leur physiopathologie :
- L’une concerne le follicule pilo-sébacé
- L’autre concerne la vascularisation de la face
1- Définition et physiopathologie de l’acné
L’acné est une pathologie du follicule pilo-sébacé sur un terrain génétique particulier. On observe cliniquement la présence du « ver de peau » dans les « boutons », qui correspond au sébum qui a pris la forme de l’infundibulum pilaire. Elle est liée à plusieurs facteurs étio-pathogéniques :
- Épaississement de la couche cornée (bouchon corné)
- Excès d’un sébum de composition anormale
- Colonisation par une bactérie dont ce sébum est le milieu exclusif : Propionibacterium acnei
- Hypersensibilité des récepteurs de la glande sébacée aux dérivés de la testostérone (ou androgènes ou encore hormones mâles).
2- Définition et physiopathologie de la rosacée
La rosacée est une toute autre pathologie. Elle n’a rien à voir avec le follicule pilosébacé.
On ne retrouve pas de sébum (donc pas de « ver de peau ») dans la pustule lorsqu’elle s’ouvre à maturité et que l’on presse le « bouton » pour en faire sortir le pus. Il ne sort que du pus et du sang.
Il s’agit d’une anomalie anatomique congénitale ou acquise (traumatisme ou chirurgie plastique du nez) atteignant la veine angulaire centro-faciale. En effet, cette dernière se comporte comme une sorte de siphon naturel ou de clapet protecteur contre le retour vers le cerveau du sang échauffé du visage. Grâce à ce système naturel de protection, le sang revient directement vers le reste du corps et la boîte crânienne est protégée contre un échauffement délétère.
Chez les personnes atteintes d’érythrocouperose (stade initial) puis de rosacée et de rhinophyma (stade terminal), ce clapet naturel fonctionne mal et le sang reste trop longtemps dans le territoire facial de la veine angulaire centro-faciale, c’est-à-dire le nez, les pommettes, le milieu du front, le menton et parfois aussi les paupières.
Facteurs favorisants
Le stress, les émotions, les épisodes de la vie féminine (puberté, ménopause, cycles menstruels), les contraceptifs oraux, la consommation d’alcool, sont des facteurs aggravants communs aux deux pathologies. Par contre, les autres facteurs favorisants sont bien différents, et par conséquent, les conseils donnés aux patients seront aussi très différents d’une pathologie à l’autre.
1- Facteurs favorisants de l’acné
A- une diète pauvre en fibres, riche en hydrates de carbone et graisses animales :
Ce facteur a été longtemps ignoré et même nié par nos scientifiques, malgré des évidences cliniques ; il est aujourd’hui reconnu, mais peu nombreux sont les dermatologues qui peuvent consacrer le temps nécessaire à la prise en compte de ce facteur, qui pourtant peut modifier parfois de 50% les résultats obtenus. J’en veux pour preuve l’exemple de ces deux adolescents frère et sœur venus ensemble pour la consultation du garçon. Lors de la consultation de la jeune fille, un mois plus tard, celle-ci m’a expliqué que depuis qu’elle avait mis en pratique les conseils donnés à son frère un mois plus tôt, sans avoir encore pu faire de traitement puisqu’elle n’avait pas encore eu sa consultation, elle n’avait presque plus de boutons !
B- une hypersensibilité des récepteurs aux androgènes dans les glandes sébacées.
On discutera ici le rôle d’un terrain génétique prédisposant ainsi que celui des hormones de synthèse, en particulier des progestatifs de synthèse pris au long cours. Dans notre pratique, c’est au bout d’environ huit ans de prise d’une pilule à climat progestatif que l’on voit apparaître l’acné autrefois appelée « acné de la quarantaine », avec sa localisation typique sur les deux mandibules inférieures et le haut du cou, avec ses nodules kystiques douloureux qui n’en finissent pas de « mûrir ».
Autrefois, ce type d’acné survenait chez des femmes de 40 ans qui avaient commencé la pilule après leur troisième enfant, vers 32 ans…soit huit ans auparavant. Aujourd’hui, ce type d’acné survient vers 25 ans, après huit ans de pilule contraceptive à climat progestatif, prescrite à des jeunes filles de 17 ans tant comme contraception que pour traiter leur acné.
C- une prédisposition génétique
D- une activation des polynucléaires par des antigènes encore inconnus (Professeur Louis Dubertret, Thérapeutique en dermatologie)
2- Facteurs favorisants de la rosacée
Ils sont liés à la physiopathologie vasculaire. Ce sont toutes les situations entraînant un choc thermique du visage :
- Les flushs, les émotions
- L’alcool
- Les épices
- Boire ou manger très chaud
- Une différence de plus de 15°C d’un endroit à un autre, donc éviter les professions telles que moniteur de ski, boucher, plongeur, cuisinier, pressing, vendeur sur les marchés, agriculteur…
D’où ces conseils aux patients : il faut faire des « paliers » de température, – comme l’on fait des « paliers » de pression sous-marine en plongée-, pour éviter à ces vaisseaux fragiles de « faire le grand écart sans pouvoir se relever », donc de rester dilatés à vie, ce qui entraîne une mauvaise irrigation de la peau et un effet « marécage » responsable de l’apparition des éruptions papulo-pustuleuses.
D’autres facteurs favorisant les poussées de rosacée ont été décrits, mais ils sont soit secondaires au mauvais « environnement » créé par l’effet « marécage » de la stagnation sanguine dans la peau, soit surajoutés, comme la présence d’un parasite dans la peau justifiant la prescription de la crème Soolantra à l’ivermectine antiparasitaire.
Les traitements classiques
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