Force est de constater que la plupart des liftings ne tiennent pas dans le temps. Lorsqu’elles consultent pour un lifting, nos patientes nous demandent dès la première consultation au bout de combien de temps il faudra le refaire. C’est assez singulier car ce n’est pas le type de questions que l’on poserait pour la plupart des interventions chirurgicales auxquelles on pourrait être confronté. On ne va pas demander à son chirurgien au bout de combien de temps devrait-on se faire recoller les oreilles ou réopérer le genou. Ce potentiel de récidive conduit beaucoup de spécialistes à tracter exagérément les tissus, ce qui provoque ces visages « tirés » qui desservent tant la cause du lifting. D’autres estiment qu’un lifting ne dure que quelques années et sont heureux de pouvoir proposer des techniques complémentaires de médecine esthétique. Pourtant, seul un lifting correctement réalisé permettra de gagner l’apparence d’une personne plus jeune d’une dizaine d’années même si bien sûr les techniques complémentaires sont toujours utiles en prévention et en entretien. Il faut avoir l’honnêteté de le proposer car passé un certain stade de vieillissement, traiter le patient uniquement avec des techniques de médecine esthétique tient plus de la cosmétique que de la solution réellement efficace, mesurable et pérenne. Le lifting peut être non indiqué (patiente trop jeune), comme il peut l’être (ptose trop importante). De la même façon qu’un rhumatologue expert en infiltrations doit savoir poser et exposer l’indication d’une chirurgie de la hernie discale, un médecin esthétique doit pouvoir intégrer le lifting dans son projet global de gestion du vieillissement et le proposer.
Quelles sont les causes du vieillissement de la face ?
Les causes classiques du vieillissement de la face sont bien sûr l’accumulation de graisse à certains endroits, la ptose, la perte d’élasticité des tissus, l’héliodermie, la couperose, etc. Sur les premières, les liftings peuvent agir efficacement, surtout dans les cas avancés. Les dernières sont plus le domaine de la médecine esthétique avec les techniques de comblement, de peeling, de needling et de laser. Entre les deux, il existe une zone grise pouvant faire appel à des techniques médicales ou chirurgicales.
Dans la pratique, la ptose, les accumulations focales de graisse ou la redondance cutanée sont correctement prises en compte par les liftings (1). Les résultats précoces sont généralement excellents mais le plus souvent, les résultats se dégradent assez vite.
Les meilleures suites sont celles où l’état initial était le plus marqué car ce sont les cas qui permettent le plus grand contraste avant / après. A l’autre extrême, les patientes qui font leur âge mais veulent avoir un aspect plus jeune, celles qui n’ont pas d’accumulation de graisse et ont peu de ptose et de redondance cutanée, ont finalement souvent très peu de résultat. Dans tous les cas, le résultat à moyen terme est fréquemment décevant.
Tout cela tient à ce qu’un des principaux facteurs de vieillissement n’est pas pris en compte. Le raccourcissement avec le temps de la plupart des fibres musculaires striées squelettiques de l’organisme. Il est parfaitement documenté qu’en vieillissant, nous perdons notre souplesse. A l’extrême, cela conduit au flessum des genoux et à l’hypercyphose posturale avec une procidence de la tête. Ce processus est extrêmement progressif mais n’épargne pas les muscles de la face (2).
Au niveau cervical, il conduit à la disparition progressive de l’angle cervico-facial. Le muscle finit par prendre la corde, et il n’y a plus d’angle. Même les personnes très minces, peuvent avoir des fanons marqués et en définitive une absence d’angle cervico-facial. Quand le phénomène est pris à un stade précoce, il est possible de le prévenir voire de le traiter avec des massages, des exercices et des injections platysmales de toxine botulique (botox) (3) qui vont rééquilibrer le tonus de repos du muscle. Mais à un stade plus tardif, le muscle s’est raccourci avec une fibrose qui devient pratiquement irréversible. Seule la bonne prise en compte chirurgicale de ce phénomène permettra un résultat durable.
Les techniques de lifting qui ne fonctionnent pas
Le lifting par décollement sous-cutané isolé (Fig. 1)
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Note comité de lecture
3 commentaires
J’ai une question « naive », mais pas ininteressante, pourquoi n’y a t Il pas plus de collaboration kiné – chirurgien esthetique pour travailler dans le durable? Merci.
Très intéressant.
Comme quoi il faut toujours tout repenser même les dogmes et la collaboration médico chirurgicale est essentielle.
Merci au professeur Méningaud pour cet article très sincère.
Je me permettrai d’ajouter que dans cet article, l’amélioration de l’angle hyoïdien est en clair la référence de la réussite technique et donc esthétique dans la vision classique que l’on a du lifting cervico facial, historiquement chirurgical.
Pour en rajouter sur le registre des profondes remises en question, dans une vision moderne donc, il paraît maintenant évident que ce qui manque le plus à l’obtention d’un visage dynamisé est l’action sur l’étage malaire, dont l’impact sur le regard est majeur, absolument incontournable dans notre exigence esthétique. Y ajouter systématiquement du volume ne résout absolument rien, bien au contraire.
Si tout le poids malaire continue de peser sur l’étage jugal malgré toutes les interventions chirurgicales évoquées, l’affaissement reviendra inéluctablement.
Il faut donc chercher plus haut et cela fonctionne très bien.
– Les liftings chirurgicaux malaires, ou centro-faciaux, sont logiques mais peu pratiqués pour différentes raisons, et aussi réussis qu’ils soient, il est peu probable qu’ils soient promis à un bel avenir à grande échelle.
– Les liftings par fils de suspensions permanents, sous réserve qu’ils soient pratiqués selon certaines règles, (revue de la SFME Décembre 2016), ont une action très puissante et durable. Ils prétendent à une action malaire très efficace, donc aussi sur les patientes jeunes à l’air triste, avec un impact sur le regard remarquable conférant beaucoup de naturel au résultat.
Lifter sans dévasculariser, sans ablation, sans cicatrice, préférer une redistribution concentrante aidée par des implants permanents spécialisés, traiter toutes les zones affaissées et pas seulement les basses, et au mieux pouvoir retendre le système implanté pour optimiser la durée de résultat…
Voilà beaucoup de remises en question en effet, mais déjà dans la pratique et à portée de main pour qui veut s’y intéresser.