L’alopécie androgénique est un motif fréquent de consultation en médecine esthétique et concerne 20% des hommes entre 20 et 30 ans et jusqu’à 70% à 70 ans.
Cette modification plus ou moins rapide, de la densité et de la qualité des cheveux est parfois très mal vécue et les patients ou patientes qui viennent consulter et qui se sont déjà très bien renseignés des différentes techniques permettant de ralentir la chute ou de corriger cette calvitie.
Se faire réimplanter des cheveux devient moins tabou et les patients veulent traiter rapidement cette chute capillaire qui se caractérise par une miniaturisation pilaire avec des cheveux plus fins, moins pigmentés, raréfiés, avec un cycle pilaire de plus en plus court.
Avoir une calvitie a été plus facilement assumé depuis la coupe du monde de football de 1998 avec Barthes, Zidane et a permis à certains patients d’accepter leur calvitie et de se raser plutôt que d’essayer de camoufler ce qui restait comme cheveux.
Mais cette mode semble s’essouffler et nous assistons à une demande grandissante de « rajeunissement capillaire », initiée par de nombreuses stars et joueurs de football….
Certains patients qui se rasaient jusque-là, souhaitent se faire implanter des cheveux tout en guardant la même coiffure, comme pour avoir le choix de se laisser pousser les cheveux par la suite. Au même titre que d’autres techniques esthétiques (toxine botulique, injections anti rides,…), la greffe de cheveux permet aussi un « rajeunissement » capillaire et permet au patient de retrouver une harmonie avec lui-même.
La méthode d’implantation de cheveux la plus populaires et la plus demandée est la FUE, qui est maintenant la plus pratiquée dans le monde, au détriment de la technique de la bandelette qui peut laisser une cicatrice visible à l’arrière du crâne.
Cette technique FUE nécessite non seulement d’être bien expérimenté dans le prélèvement cheveu par cheveu mais, aussi de bien anticiper la progression de la calvitie lors de l’implantation. Le traitement de la calvitie sera différent pour un homme de 25 ans par rapport à un homme de 50 ans à calvitie égale (voir aussi notre article généraliste sur la greffe de cheveux).
INFORMATION OBJECTIVE :
LA GESTION DANS LE TEMPS DE LA CALVITIE
Il faut bien expliquer au patient que sa calvitie risque d’évoluer et qu’il est important de l’anticiper et de ne pas vouloir implanter une zone frontale trop basse par exemple. Chez le patient plus jeune, il est souvent nécessaire d’effectuer une deuxième séance à quelques mois ou années car la calvitie continue d’évoluer. Une bonne stratégie se conçoit sur le long terme et avec la technique adaptée. Il est important de ne pas mettre des greffons de 3 ou 4 cheveux sur une zone frontale par exemple mais plutôt des greffons simples ou doubles pour garantir l’effet naturel.
LA MÉTHODE FUE (FOLLICULAR UNIT EXTRACTION)
Consiste en une modification de répartition du capital cheveu d’un individu, en prélevant les unités folliculaires insensibles aux hormones androgènes qui sont situées dans la zone occipitale et en les réimplantant sur la ou les zones receveuses.
Au niveau du cuir chevelu, les androgènes entrainent une involution progressive du follicule pileux. Ce phénomène encore mal connu s’explique actuellement par un freinage de la synthèse protidique secondaire à l’inhibition locale de l’adénylcyclase. Ce freinage entraine un raccourcissement de la durée de la phase anagène. Cette réduction des cycles pilaires et leur accélération se soldent par l’épuisement prématuré du stock de cheveux que le follicule pilo-sébacé est capable de fournir et aboutit à l’alopécie.
1.prélèvement après anesthésie locale et tumescence.
Il existe plusieurs techniques de prélèvement FUE :
- manuelle avec un punch tranchant que l’on tourne pour extraire les greffons par la suite.
- « automatique » avec un punch tranchant rotatif activé par un moteur.
La rapidité du prélèvement dépend de l’expérience de l’opérateur. Il est possible de prélever plus de 2000 greffons en une journée… Chaque greffon (ou graft) se compose de 1 à 5 cheveux en fonction de la taille des punchs (entre 0,8 et 1,5 mm). La qualité des greffons (risque de trans-section principalement) semble être dépendante de la technique utilisée et du matériel utilisé.
Les greffons prélevés sont triés par nombre de cheveux (un greffon peut contenir 1, 2 jusqu’à 5 cheveux) sur une com- presse humide, afin de choisir les greffons en fonction des zones à implanter : cheveux plus fins en avant pour garantir un effet naturel.
Le prélèvement s’effectue en général au niveau de la zone occipitale mais pour des calvities très importantes avec une zone donneuse peu dense il est possible de prélever des poils au niveau du torse, dos, ou même au niveau de la barbe.
Il existe différentes tailles de punchs (de 0,7 à 1,2mm), les plus utilisés sont les 0,8 0,9 et 1,0 mm en fonction de la taille des greffons à prélever.
On choisit la taille du punch après avoir prélever une petite série d’une dizaine de greffons, s’il y a trop de trans-section on choisit un punch un peu plus large. La bonne taille ayant un risque de trans-section acceptable et laissant le moins possible de cicatrice est le punch de 0,9mm. La forme et la composition des punchs varient aussi en fonction des appareils utilisés (punch en titanium, punchs à embout évasé, longueur réduite).
La vitesse de rotation est paramétrable sur les appareils automatiques (800 rpm en moyenne), tandis qu’avec la FUE manuelle la vitesse est toujours la même et c’est à l’opérateur de doser cette vitesse. Le choix de la vitesse de rotation dépend de la qualité du cuir chevelu. Plus le cuir chevelu est épais plus la vitesse de rotation sera rapide. Aussi on sera obligé d’augmenter la vitesse de rotation tout au long de la séance car le punch s’émoussera naturellement.
Un seul appareil breveté permet de prélever directement le greffon par aspiration douce et contrôlée, ce qui évite d’avoir à le prélever avec une pince qui risquerait d’endommager le greffon, le punch hair matic S.A.F.E.R. (Suction Assisted Follicular Extraction & Re implantation).
2. l’implantation après anesthésie locale et tumescence
Après avoir dessiné le schéma de la zone à réimplanter sur le patient, des incisions à l’aide d’une petite lame de bistouri sont faites en veillant à respecter un aspect le plus naturel possible. Cette étape est aussi importante que le prélèvement car elle détermine le résultat futur. Différentes tailles de lames sont utilisées en fonction de la taille des greffons prélevés. Les grafts sont ensuite implantés à l’aide de micro pinces un par un.
Il est possible de réimplanter directement sans avoir à réaliser ses incisions : avec des choïs (=choi implanter pen), sorte d’aiguille creuse où l’on insert le greffon au préalable que l’on va pousser.
Cette méthode nécessite une équipe expérimentée qui doit se relayer pour préparer les choïs au fur et à mesure de la progression de l’implantation.
Un autre appareil breveté permet d’éviter l’utilisation des pinces traumatisantes, par un système d’aspiration puis insufflation du greffon à l’intérieur de l’incision (SAFER).
3. les conseils post opératoire
- Il faut bien expliquer au patient l’évolution naturelle des greffons implantés : tous les greffons vont tomber naturellement.
- La tige pilaire tombe mais la racine implantée reste en place. Il faut attendre entre 3 et 6 mois pour commencer à voir la repousse.
- Il faut laisser les croûtes en place et ne faire le premier shampoing qu’au 10e jour en veillant à ne pas frotter.
- Je demande au patient de revenir en consultation régulièrement pour évaluer et contrôler la repousse.
- Des séances de mésothérapie avec complexes vitaminiques ou PRP* associées au LED rouges permettent d’augmenter les chances de repousse des greffons.
- Une prescription de minoxidil en spray est souvent prescrite pendant 3 mois pour accélérer la repousse.
IMPORTANT :
« Depuis fin 2013, bien qu’en l’absence d’effets indésirables répertoriés avec cette technique, l’injection de plaquettes autologues est interdite en France par la Direction Générale de la Santé en vertu de l’article L.1241-1 du Code de la Santé Publique, rappelant que le prélèvement des tissus, cellules, produits du corps humain et leur dérivés ne peuvent être effectués que dans un but thérapeutique ou scientifique.
BIBLIOGRAPHIE
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Note du comité de lecture