Pour ceux qui, comme moi, commençons à faire partie des « jeunes » anciens médecins installés, on a pu assister ces dernières années à une métamorphose de notre profession.
La dernière révolution, pour ma part, fût l’arrivée de la canule, il y a 8-9 ans. Au début mal acceptée (un peu comme l’arrêt du tabac en boite de nuit), elle modifia cependant radicalement notre pratique, ce qui nous permet d’injecter avec plus de sécurité et moins de complications… C’est plus que bénéfique au vu du nombre de nouveaux médecins-injecteurs qui sortent chaque année depuis !
Mais, la médecine esthétique, ces 2 dernières années, a encore subi un ravalement de façade quasi complet ! Non pas en termes de technicité – il y a toujours des aiguilles et des canules, mais en termes de modernité, et ce, pour plusieurs raisons :
- Grâce à l’abrogation de l’interdiction de publicité (directe ou indirecte) pour les professions de santé, décrétée le 6 novembre 2019 par le Conseil d’État, considérée comme non conforme au principe de libre concurrence du droit européen, obligeant le Ministère de la Santé à modifier l’article 19 du code de déontologie médicale au profit d’un « principe de libre communication et de publicité »,
- Grâce à la génération Z qui a atteint sa majorité,
- Grâce au(x) confinement(s) multiples depuis la pandémie de Covid-19,
- Grâce aux nombreuses formations de qualité proposées pour se perfectionner (mais aucune reconnaissance de diplôme par le CNOM à ce jour)
- Grâce à de nouveaux produits de comblement, plus souples.
On a ainsi vu :
- Une communication accrue avec l’explosion des réseaux sociaux et des posts de médecins de plus en plus « stylés » (photos avant/après, live, chorégraphie Tik-Tok…), des jeux concours pour gagner des soins, la multiplication d’influenceurs qui vantent les mérites des injections ou de Community Management qui gèrent notre E-réputation,
- Un raz-de-marée de demandes qui explosent chez nos jeunes de moins de 30 ans,
- L’intérêt croissant de notre spécialité chez les jeunes internes,
- Les voyages médicaux démocratisés avec les injections low cost chez nos voisins…
Mais, je dirais que les tops 3 des injections de notre médecine esthétique 3.0 sont : les lèvres, le nez et le contour mandibulaire (le jawline prononcé parfois Jaoualinne !)… actes les plus demandés à l’heure actuelle chez nos jeunes patientes.
En effet, on remarque que sur Google®, les mots-clés « injection nez » affichent 5,9 millions de réponses, « injection joue » 4,8 millions, « injection jawline » 1 million, « injection lèvre » 332 000, « injection pommette » 30 900… Mais si l’on en recherche en mots-clés anglais, les chiffres sont beaucoup plus parlant : « russian lips » 115 millions, « nose injection » 104 millions, « jawline » 36 millions et « lips injection » 34,3 millions.
La France semble être en décalage avec le reste du monde, tel l’irréductible et célèbre village gaulois que nous connaissons ! Mais, si vous ouvrez cette fois vos réseaux sociaux, vous ne pouvez pas ne pas voir des multitudes de lèvres injectées recouvrirent vos murs, voire même des publicités « sponsorisées » vantant les mérites d’esthéticiennes chevronnées ! Tout semble donc s’accélérer…
Ce constat pose plusieurs questions :
- Est-ce critiquable et où est la moralité dans cette histoire ?
- Faut-il répondre à ces nouvelles demandes ?
- Faut-il l’ignorer et poursuivre son activité à la mode 2.0, en prenant le risque de ne pas répondre aux demandes de nos jeunes patientes en herbe qui constitueront plus tard notre patientèle ?
- Comment rester connecté avec cette médecine esthétique 3.0 ?
Je me projette parfois dans 10 ou 20 ans, et je me demande comment va évoluer ma pratique :
Sera-t-elle encore adaptée ? Performante ? Moderne ? Vais-je louper ou m’adapter aux prochains changements ? Vais-je comprendre les générations à venir ?
C’est pour toutes ces raisons que ma/nos technique(s) d’injection des lèvres évolue(nt) depuis 12 ans maintenant.
En y réfléchissant bien, je constate 3 périodes :