De l’injecteur en herbe à l’expert chevronné, la même question se pose immanquablement : « à quels endroits vais-je injecter ? ». Car contrairement à la technique qui peut être rapidement acquise par tout un chacun, l’analyse des modifications à effectuer reste difficile et complexe, sans véritable fil conducteur, particulièrement lorsque le visage n’appelle pas de corrections évidentes (Photo 1).
Même les techniques de volumétrie trouvent leurs limites devant une peau relâchée ou atone, le remplissage n’aboutissant alors que trop fréquemment à un aspect « bouffi », comme nous pouvons le constater chez certaines actrices.
Nous vous proposons ici une méthode tout à fait originale, qui permettra de déterminer avec précision et hiérarchie la stratégie de correction d’un visage, avec à la clé des résultats souvent spectaculaires plébiscités par le patient et surtout par son entourage : l’analyse de l’expression faciale.
REGARDER et VOIR : 2 « cerveaux » différents [4, 10]
La plupart du temps, nous pensons baser nos corrections sur ce que nous voyons. En fait, nous ne faisons que regarder. Nous nous regardons dans le miroir, nous regardons le patient, mais nous voyons les autres, tout particulièrement leurs expressions statiques et dynamiques. Avez-vous remarqué qu’il arrive souvent que nous ne nous reconnaissions pas sur une photo de vacances ou lorsque nous surprenions notre visage dans un miroir ?
L’explication de tout cela est avant tout anatomique : regarder et voir sont 2 fonctions distinctes, nécessitant des structures anatomiques très différentes.
Regarder est une opération lente, centrifuge, où l’oeil inquisiteur « cherche » des détails, procède à des comparaisons spatiales (symétrie, proportions, volumes…), temporelles (apparition d’une ride, d’un creux, d’un détail qui n’y étaient pas avant. il se réfère également à un idéal inconscient, une gestalt : une occidentale se comparera ainsi à un « mélange» de Sharon Stone, Carole Bouquet, Isabelle Adjani par exemple, et non pas bien sûr à une femme girafe d’Afrique Noire ou à un nu de Bouchet. Pour regarder, nous faisons appel à des circuits neurologiques essentiellement situés dans l’hémisphère gauche.
Voir est au contraire une opération centripète, globale, quasi-instantanée, qui met surtout en jeu plusieurs structures de l’hémisphère droit, en particulier une structure spécialisée dans la reconnaissance des visages et des expressions : le girus fusiforme temporal droit (fig. 2). Véritable centre biométrique que l’on pense inné, le GFTD permet au nouveau-né, dès l’âge de un mois, de reconnaître le visage de sa mère, puis une infinité de visages différents vers 6 mois. A 3 ans, il saura déchiffrer de nombreuses expressions et émotions… Un enfant de 5 ans pourra déjà instantanément dire si l’on est jeune, vieux, triste, gai, fatigué ou grincheux.
Il est ainsi capital de comprendre que le patient ne se voie pas, il se regarde. Lorsqu’il vient nous consulter, nous montrant ses rides, sa peau…etc., il nous embarque sur le même mode « regarder » et nous nous servons alors essentiellement de notre hémisphère gauche, au détriment de la perception de la globalité du visage et surtout de son expressivité.
L’EXPRESSION FACIALE, « pivot de la communication » (Ekman)
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