Décrite, mise au point et développée par le Dr Michel Pistor dès 1952, la mésothérapie se définit par « peu, rarement et au bon endroit ». Dès les années1990, des cocktails pour revitaliser et réhydrater la peau, spécifiquement du visage et du cou, ont fait leur apparition. Ils comportaient essentiellement des vasoprotecteurs, vasodilatateurs et vitamines. Ensuite furent ajoutés des acides aminés, diverses autres molécules et dernièrement de l’acide polylactique et/ou de la toxine botulique, tous les 2 très dilués.
L’apparition de l’hyaluronane injectable (appelé aussi acide hyaluronique) en esthétique entraîna son inévitable ajout aux cocktails, également. Au début des années 2000, les hyaluronanes non-réticulés, destinés à la mésothérapie, ont fait leur apparition. Ceux-ci sont soit à utiliser purs, soit pour certains peuvent être mélangés au cocktail de votre choix.
Mentionnons immédiatement qu’un hyaluronane réticulé est destiné à la revitalisation et ne permet donc pas son injection en nappage intradermique superficiel. C’est l’hyaluronane à technologie NASHA.
On sait, grâce à la recherche de l’Oréal que les hyaluronanes de masse moléculaire inférieure ou égale à 400 KDaltons pénètrent dans la peau. On sait aussi que l’hyaluronane natif a une courte demi-vie, à savoir 3 jours dans la peau.
Cependant, plus sa masse moléculaire est élevée, plus il résisterait aux hyaluronidases.
Un hyaluronane injectable efficace en mésothérapie devrait donc posséder une haute masse moléculaire. Ceci est d’autant plus vrai que les hyaluronanes de faible masse moléculaire entraînent une néovascularisation. Cette dernière pourrait entraîner l’apport plus important d’hyaluronidases, et donc favoriser encore la résorption de l’implant utilisé pour la mésothérapie de réhydratation dermique.
La masse moléculaire idéale semble être comprise entre deux et trois millions Daltons.
Au tableau 1 nous reprenons les différents hyaluronanes, tout-prêts, injectables en mésothérapie, présents sur le marché, dans des seringues stériles. Y est noté également la quantité en hyaluronane de chaque seringue.
Les techniques d’injection
S’il existe des appareils d’injections multiples et variés, un bon mésothérapeute doit être capable d’injecter manuellement, grâce au trio élémentaire « main – seringue – aiguille ». L’aiguille idéale semble être 30G à biseau court, afin de blesser le moins possible la peau.
Plusieurs techniques d’injection s’offrent à nous :
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Le maillage en intradermique
Il est réalisé par la succession d’injections traçantes rétrogrades plus ou moins jointives et réalisées tous les cm, en 2 plans perpendiculaires, le biseau de l’aiguille étant dirigé vers le haut.
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Les micropapules ou le point par point
Une infime quantité d’hyaluronane est déposée en intradermique, superficiellement, tous les 0.5 cm, environ.
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Le nappage intradermique superficiel (IDS)
Ici, on fait courir littéralement l’aiguille sur la peau, le biseau de l’aiguille étant dirigé vers le bas ou préférentiellement vers le haut.. Grâce à un mouvement discret du poignet, une succession de « pénétration – dépôt-retrait » de l’aiguille est obtenue. Une pression constante et légère doit être exercée continuellement sur le piston de la seringue. (Photo 1)
Photo 1 : IDS ou anciennement « Nappage »
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La technique combinée
Afin de potentialiser les résultats obtenus, il est recommandé combiner ces différentes techniques dans la zone à traiter ou sur des zones différentes. Ceci convient parfaitement aux zones les plus déshydratées ou les plus ridées.
Effets secondaires
Lorsqu’on respecte les consignes de double désinfection de la peau et que l’on domine les techniques d’injection, peu d’effets secondaires sont à noter.
Nous retiendrons dans notre pratique les 3 suivants :
►Ecchymoses
►Gène douloureuse, voire rarissime douleur
►Griffures, par mauvais geste technique.
Protocole d’injection
Au départ, avec les premiers cocktails, le nombre de séances était important avant d’obtenir un effet visible. Il fallait au moins 10 séances à raison de 1 fois par semaine pendant au moins 5 séances, puis 1 fois tous les 15 jours et ensuite des séances d’entretien tous les 1-2-3 mois.
L’arrivée de l’hyaluronane pur a permis de réduire ce nombre de séances et c’est au Dr Zbili que revient le mérite d’avoir codifié précisément le protocole de traitement.
Pour des raisons de facilités, tant intellectuelles que pratiques pour nos patients, nous nous sommes permis la variante suivante :
La technologie suisse
Pour amplifier et accélérer le processus l’hydratation de la peau par mésothérapie, il est possible d’ajouter du glycérol à l’hyaluronane.
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Le glycérol
Le glycérol est un polyalcool, à savoir le 1, 2, 3-propanetriol. Il se présente sous la forme d’un liquide visqueux, incolore, sucré et non toxique, soluble dans l’eau et l’éthanol. Il est parfaitement biocompatible, hygroscopique et lubrifiant. Comme l’hyaluronane, il est naturellement présent dans notre organisme, sous la forme des triglycérides et phospholipides. Couramment utilisé en cosmétologie, comme agent d’hydratation à longue durée d’action, il possède en outre des propriétés antiseptiques locales et exerce également une action anti-radicalaire.
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Le mélange hyaluronane-glycérol
Il s’agit d’une préparation dosée à 18 mg/ml d’hyaluronane, de masse moléculaire de 2.5 Millions Daltons. L’osmolarité de la préparation est comprise entre 280 et 330 mOsm, et le pH est, lui, compris entre 6.8 et 7.6. A cette préparation fortement concentrée en hyaluronane, on a adjoint du glycérol.
Résultats
L’ajout de ce polyalcool permet d’observer une très nette amélioration de l’hydratation cutanée, dès la 2ème séance de mésolift, si la peau est de grade
1 à 2 suivant Glogau et dès la troisième pour le grade 3. (Photo 2)
AvantAprès 3 sessions MESOLIS + IDS sur le cou Micro-papules et sous le menton
Dans notre courte expérience, l’effet semble rémanent, voire semble s’améliorer après la 3ème séance et persiste jusqu’à 6 mois, et peut-être même plus.
Nous avons essayé de quantifier à l’aide d’un cornéomètre classique, utilisé en cosmétologie, l’état d’hydratation de la peau. L’appareil ne mesurant que l’hydratation des couches supérieures externes de l’épiderme, notre essai s’est conclu par un échec.
Ceci d’autant plus que la mesure est très technique et technicien(ne) dépendante ! Il faut donc trouver une technique permettant de mesurer, de manière non invasive, l’hydratation du derme, ce dernier étant bien la cible de l’injection mésothérapeutique.
Conclusion
Si l’on suit l’adage du Dr Pistor, « peu, rarement et au bon endroit », en utilisant le moins de produits différents possibles, c’est actuellement au cocktail hyaluronane plus glycérol que revient, dans notre expérience, la palme de la rapidité de réhydratation dermo-épidermique. La meilleure technique de traitement, dans cette indication est la combinaison du nappage (IDS) et des micropapules ou point par point.
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Note du comité de lecture