Le regard fait partie de ce qu’on appelle la communication non verbale : il peut exprimer mille choses. Chaque regard a ses propres caractéristiques, sa personnalité et son charme. Mais ce beau regard n’a peut-être plus l’enveloppe de jeunesse qu’il mérite.
L’aspect des yeux est le premier élément à pâtir de l’horloge biologique. En effet la peau des paupières est la plus fine de l’organisme, très vascularisée, pauvre en collagène et élastine, elle ne possède que très peu de graisse sous-cutanée et est soumise à de nombreux mouvements par jour (3000 à 5000). Les signes du vieillissement du regard vont donner à la personne un aspect plus âgé, de fatigue, de tristesse.
La peau va encore plus s’affiner, se rider, perdre de son élasticité. Un excès de peau va se former au niveau des paupières supérieures et inférieures. Au niveau des paupières inférieures, soit des saillies graisseuses apparaissent, soit la peau s’affaisse sous le rebord orbitaire et l’œil se creuse, paraît cerné. Les muscles s’atrophient, s’amincissent, perdent de leur vitalité. Les sourcils s’affaissent par fonte de la graisse dénudant le contour osseux, ce qui accentue l’effet de vieillissement.
Le regard s’analyse de haut en bas :
- Le sourcil
- La paupière supérieure
- La paupière inférieure
- Les rides autour des yeux : rides du lion, rides de la patte d’oie…
- Les cernes
- La vallée des larmes.
Quels traitements pour rajeunir le regard peut-on proposer à chacune de ces unités esthétiques ?
1 – Le sourcil :
Le sourcil est un des atouts de la femme, un élément esthétique majeur du regard et de son expression (fatigue, colère, surprise, tristesse, joie…). Il subit le vieillissement conjoint de la peau, des muscles de la balance frontale et du coussinet adipeux de Charpy.
Trois phénomènes du vieillissement du sourcil peuvent se rencontrer :
a – L’abaissement du sourcil avec chute de la paupière
Il sera traité par injection de toxine botulique qui agit sur la balance musculaire frontale en diminuant l’action des muscles abaisseurs du sourcil. Il en résulte une hyperactivité du muscle frontal, qui élève ainsi le sourcil ce qui ouvre l’œil. On peut rajouter un point au tiers externe du sourcil, dans l’orbiculaire, pour en diminuer la force et relever ainsi la queue du sourcil.
b – La perte du galbe convexe de la région du sourcil
Il sera traité par la restauration du coussinet de Charpy pour redonner de la plénitude au sourcil soit :
- par injection d’acide hyaluronique au ras du périoste et sous les muscles constituant le relief au dessus du rebord orbitaire (à la canule ou à l’aiguille et, dans ce cas, faire attention au réseau neuro-vasculaire supra-trochléaire).
- par lipofilling en association avec un lipofilling des tempes creuses : après aspiration de tissu graisseux, une extraction de cellules graisseuses purifiées et enrichies en facteur de croissance est obtenue par centrifugation ; ces cellules graisseuses sont réinjectées à l’aide de micro-canules.
c – La réduction des poils du sourcil
Elle peut être résolue par la dermopigmentation pour redessiner les sourcils, allonger le regard et rééquilibrer l’expression du visage. A chaque visage, sa forme de sourcils :
- Arrondis pour adoucir un visage carré,
- Un peu «cassés» pour tonifier un visage rond
- Légèrement remontant sur les tempes pour rajeunir
- En accent circonflexe pour égayer et donner de la force au regard.
2 – La paupière supérieure :
a – Blépharoplastie médicale par le Plexr
Le Plexr employé pour le traitement des paupières tombantes est un dispositif médical (2008). Il se termine par une pointe fine en métal qui délivre un petit courant ionisant (dit plasmatique) à moins de 1 mm de la surface cutanée à traiter. Une différence de potentiel est ainsi crée entre la pointe de la pièce à main et les tissus, ce qui engendre un arc électrique. L’arc génère un plasma : il y a ionisation des gaz présents dans l’espace situé entre la pointe et les tissus.
Une grande quantité d’énergie est libérée par effet Joule et provoque la sublimation des cellules épithéliales superficielles. La chaleur est libérée au dessus de la peau et pas dans la peau. L’énergie dégagée par le plasma ne présente aucun risque de réflexion ou de diffusion donc aucun dommage ni aucune nécrose ne sont à redouter. La jonction dermo-épidermique et la membrane basale restent intactes.
La technique du spot est préconisée afin de laisser un espace de peau saine entre chaque point, ce qui facilitera la cicatrisation.
Une à quatre séances, espacées au minimum de 28 jours, seront nécessaires en fonction de l’indication et du résultat souhaité.
b – Lift médical des paupières et sourcils par les ultra-sons micro-focalisés
Un module échographique permet de cibler les couches profondes de la peau et de visualiser jusqu’à 8 mm de profondeur. Les ultra-sons micro-focalisés sont délivrés jusqu’à 3 mm et 4,5 mm afin de cibler le SMAS. Des milliers de minuscules points de coagulation amorcent le processus de néocollagénèse. Les tissus sont chauffés à une température située entre 65 et 70°.
Cette technique ne nécessite pas de convalescence et a peu d’effets secondaires. Ce traitement est homologué par la FDA pour le lissage tissulaire des paupières. La séance dure entre 60 et 90 mn et les résultats seront visibles au-delà de 6 mois.
c – Les fils PDO, crantés ou à cônes…
Le principe est de mettre en place un système de fils dans l’espace sous-cutané afin de créer une remise en tension des tissus du visage.
Fils à cônes : certains fils sont résorbables (acide polylactique) sur lequel ont été disposés des petits cônes également résorbables de même composition avec une orientation bidirectionnelle. Cette orientation permet la suspension des tissus après la mise en place des fils sous la peau. De plus, la fibrose créée autour des fils produira un mécanisme de suspension.
Fils crantés bidirectionnels : ils sont généralement en PDO (Polidioxanone) résorbable.
Un processus d’absorption par hydrolyse se fait en quelques mois. Une réaction d’inflammation légère est suivie par une formation de tissu conjonctif fibreux autour du fil avec stimulation des fibroblastes (néocollagénose et angiogénèse).
La production de collagène en réponse à la présence d’un corps étranger (fil) et à la stimulation mécanique induite par l’aiguille accélèrent le métabolisme et le flux sanguin vers la zone traitée.
3 – La paupière inférieure :
a – Mésolift
L’acide hyaluronique utilisé en mésothérapie dépend de sa concentration, de son degré de réticulation, de son association avec des agents hydratants tels que le mannitol ou le sorbitol, des vitamines, des acides aminés et des oligoéléments. Un panel de produits existe sur le marché.
Différentes techniques sont utilisées :
- La thérapie d’induction de collagène par micro-punctures fait appel à la capacité de la peau à se régénérer. Les nombreuses micro-perforations induisent un processus de réparation avec stimulation fibroblastique et néoangiogénèse. Les micro-canaux créés par les aiguilles permettent une meilleure pénétration de produits. Ce qui permet un effet nutritif et un effet d’induction de collagène.
- La technique rétro-traçante ou point par point, dans le derme moyen voire profond, sera utilisée avec des acides hyaluroniques légèrement réticulés.
Le nombre de séances dépend du stade du vieillissement et du produit utilisé.
Comme dans toute technique de rajeunissement, un entretien est nécessaire pour pérenniser les résultats.
b – Peeling
Le peeling des cernes avec relâchement cutané ou cernes colorés est généralement un peeling au TCA léger (15% à 30%). Il permet de stimuler le derme, de synthétiser des facteurs de croissance induisant une rétractation de la peau et son épaississement. Il est possible de faire des peelings profonds (phénol), plus ou moins agressifs, pour une peau plus abimée.
Un produit peeling contenant TCA (20%), phénol (10%), acide glycolique (10%) est indiqué pour un vieillissement avancé et sévère. Le résultat est progressif jour après jour avec une régénération de la peau sur le long terme.
c – Lumières IR (lasers, lampes), LED
Le principe des lasers non ablatifs ou des lumières pulsées est de remplacer le tissu relâché par un tissu plus remodelé. L’énergie véhiculée va se transformer en chaleur. L’effet tenseur observé immédiatement est dû à la photo-coagulation des protéines du derme. Le remodelage dermique et la remise en tension qui seront visibles au-delà de deux mois résultent de l’activation fibroblastique.
Sur les zones fines ou sensibles telles que les paupières inférieures des compresses humides seront mises sous les lunettes-coques et le faisceau sera dirigé vers le bas.
d – Lasers: Nd: YAG, Er:GLASS, Er:YAG, CO2
L’énergie des lasers micro-fractionnés est délivrée sous forme d’une multitude de micro-spots réalisant des micro-colonnes d’épiderme vaporisé et de derme coagulé. Ces micro-spots espacés permettent ainsi une re-épithélialisation rapide à partir des intervalles de derme non traité et limitent ainsi le risque de complications.
e – Radio-fréquence bipolaire
Son mode d’action est identique à celui des lasers IR non ablatifs ou des lampes (voir la radiofréquence en esthétique du visage). Une émission d’ondes agissant au niveau des tissus cibles va produire de la chaleur. Le volume de chaleur généré est la conséquence de l’augmentation de la température provenant de la résistance des tissus au mouvement des électrons dans le champ de la radio-fréquence.
La température au niveau du derme atteint environ 55° permettant de dénaturer le collagène. La température de l’épiderme est maintenue à 40°.
Les modifications primaires sont dues aux changements de la structure en triple hélice du collagène qui provoquent sa contraction. Les modifications secondaires (3 à 6 mois) sont dues à la cicatrisation des lésions thermiques avec contraction progressive du collagène et néocollagénèse (remodelage).
f – Carboxythérapie
Elle consiste en une injection tissulaire sous-cutanée contrôlée de CO2 à l’état gazeux. C’est une méthode non chirurgicale, rapide, facile et sans risque d’allergie (voir notre article sur la carboxythérapie).
Une première action vasculaire via effet Bohr va se traduire par une hyper-oxygénation des tissus du fait de l’influence inhibitrice du CO² pour la fixation de l’O² sur l’hémoglobine. Il en résulte une stimulation cellulaire et une vasodilatation locale active réactionnelle. Les flux sanguins artériolaire et capillaire vont être améliorés, les échanges capillaires augmentés et ceux entre micro-vaisseaux et tissus restaurés.
Une deuxième action dermique permet une augmentation du turn-over du collagène, une réorganisation des fibrilles, une augmentation de l’épaississement et de l’élasticité du derme.
La carboxythérapie donne de bons résultats dans l’élastose palpébrale. Elle est efficace sur les cernes bleus dont elle atténue la coloration.
5 à 8 séances, espacées de 7 à 15 jours, seront nécessaires pour obtenir un bon résultat.
g – Plasma Riche en Plaquettes (PRP)
Le plasma est un sérum incluant facteurs de coagulation, protéines et substances nutritives : vitamines, hormones, sels minéraux, facteurs essentiels à la survie cellulaire. Les plaquettes sont des cellules sans noyau avec des mitochondries, des microtubules et des alpha-granules. Ces alpha-granules synthétisent, stockent et libèrent des protéines bioactives qui sont des facteurs de croissance dont la fonction est l’hémostase et la cicatrisation tissulaire.
Le prélèvement sanguin est centrifugé pour séparer le plasma pauvre en plaquettes PPP (5% du sang) en surface, le PRP et fibrinogène (40% du sang) au milieu, les granulocytes et leucocytes au fond du tube (55% du sang). La centrifugation cellulaire permet d’augmenter la concentration en plaquettes et en facteurs de croissance, en faisant sortir les alpha granules des plaquettes, ce qui les rend actifs.
Après injection du PRP, les plaquettes initient l’inflammation des tissus et libèrent une grande quantité de facteurs de croissance. Ces facteurs de croissance activent la prolifération cellulaire et celle de la matrice extracellulaire. Ce qui entraîne un remodelage des tissus et une régénération de la peau (voir injections de PRP en esthétique).
4 – Les rides autour des yeux : rides du lion, rides de la patte d’oie, les rides de la paupière inférieure
a) Toxine Botulique
b) Comblement AH : non réticulé voire très peu réticulé
Les AH non réticulés ont un avantage dans cette indication car ils sont non modifiés chimiquement, présentent une excellente tolérance et diminuent les risques de sur-correction.
c) Mésolift
d) Laser CO2 fractionné
e) Peeling TCA, phénol
5 – Les cernes :
Le cerne n’est pas exclusivement un signe de vieillissement, il existe à tout âge. Il est soit pigmentaire, brun ou bleu, soit « ombré », soit creux.
Le cerne pigmentaire correspond à l’accumulation de pigments dans les couches superficielles de l’épiderme qui intensifie la coloration brune du cerne. Les lacis veineux superficiels sont responsables de la coloration bleutée. Le comblement par l’acide hyaluronique peut être réalisé si le cerne est creux et bleu. Il doit être fait avec parcimonie car un comblement peut accentuer l’effet pigmenté du cerne et donc l’exagérer (surtout pour le cerne brun).
Le cerne ombré correspond à l’ombre sous les poches graisseuses de la paupière inférieure qui font hernie. Il est génétique et peut apparaitre à tout âge, à partir de la trentaine. Son traitement est chirurgical.
Le cerne creux avec un bon tonus palpébral est une bonne indication de traitement par injection d’acide hyaluronique. L’injection du cerne reste un challenge pour tout injecteur. Son but est de redessiner des contours harmonieux, d’effacer les ombres, les creux.
On utilise un acide hyaluronique faiblement réticulé. L’injection sera lente et profonde en sus-périosté et sous-orbiculaire (canule ou micro-bolus). La quantité pour chaque cerne creux est de 0,5 ml en moyenne. A la 1ère séance, il est nécessaire de sous-corriger. A la 2ème séance, à 1 mois, une retouche sera faite si nécessaire.
6 – La vallée des larmes :
Le but du traitement est de lui donner du relief et si possible de l’éclaicir, en injectant un produit de comblement réticulé et volumateur. Il faut faire attention aux peaux très fines, à l’œdème palpébral ou aux poches malaires.
L’injection doit être profonde et se fera à l’aiguille en bolus ou à la canule en retro-traçante. On sera attentif à éviter l’émergence du paquet vasculo-nerveux sous-orbitaire à l’aplomb de la pupille.
En conclusion :
Parmi les différents traitements du visage, le rajeunissement du regard constitue un domaine très vaste.
Il est bon de conseiller à nos patientes une bonne hygiène de vie et d’utiliser quotidiennement des produits cosmétiques adaptés.
Les produits utilisés pour la zone périorbitaire hydratent, raffermissent la peau, améliorent la microcirculation cutanée, renforcent la paroi des vaisseaux et participent à l’amélioration de la coloration du pourtour de l’œil. Ils contiennent en particulier plusieurs vitamines :
– vitamine C aux propriétés anti-oxydantes qui assure la synthèse de collagène et la protection de l’élastine.
– vitamine E aux propriétés anti radicalaires et anti-oxydantes, presque toujours associée à la vitamine C.
– vitamine A qui permet l’activation des divisions cellulaires, l’augmentation de l’épaisseur de l’épiderme et la synthèse des collagènes.
– vitamine K qui améliore la coloration du cerne.
Le maquillage doit rester léger….
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Note du comité de lecture
Un commentaire
Traitement de la cerne et de la vallee des larmes possible avec hydroxyapatite de Ca.